Psychologie

Penser beaucoup n’est pas toujours penser mieux. Pour certains, la pensée est un refuge, un outil, un rempart. Mais à force de tourner, d’anticiper, d’analyser, elle peut devenir une cage. Ruminations, projections, auto-interrogations infinies… Le mental devient envahissant, tyrannique, épuisant. Et si cette suractivité n’était pas une preuve d’intelligence, mais une stratégie inconsciente face à l’insécurité ?

Une pensée qui ne laisse plus de place

Ce type de fonctionnement n’est pas volontaire. Le sujet ne choisit pas de trop penser : il y est entraîné, presque malgré lui. Penser devient une manière de remplir, de contenir, d’éviter ce qui menace de surgir dans le silence. Le vide, l’angoisse, le manque de contrôle. Il ne s’agit pas d’un excès intellectuel, mais d’un mécanisme de défense.

Contrôler par la pensée ce que le corps ne peut pas retenir

L’hypermentalisation est souvent une tentative de tout maîtriser : ses émotions, ses relations, ses incertitudes. En pensée, on imagine, on prévoit, on déjoue. Le mental devient un système d’alerte permanent, construit pour devancer l’imprévisible. Derrière cette stratégie, il y a souvent une peur ancienne : celle d’être débordé, envahi, abandonné.

Une distance avec l’expérience vivante

Trop penser, c’est aussi se couper de son corps, de ses ressentis immédiats, de ses besoins profonds. Le sujet vit dans sa tête plus que dans son être. Il observe ses émotions plutôt que de les ressentir. Il analyse ses comportements, mais peine à les habiter. Cette suractivité crée une dissociation subtile, une distance intérieure.

Une stratégie née d’une histoire

Ce fonctionnement mentalisé est rarement inné. Il s’inscrit dans une histoire psychique : enfance où l’imprévisibilité émotionnelle régnait, environnement où l’on devait comprendre avant de ressentir, ou encore expérience de solitude intellectuelle précoce. La pensée devient alors un outil de survie, un refuge dans le chaos. Mais ce refuge peut devenir prison.

Retrouver un rapport vivant à soi

Sortir de l’hypermentalisation ne veut pas dire arrêter de penser, mais rééquilibrer. Cela suppose de revenir au corps, au moment, au senti. De tolérer ce que l’on ne contrôle pas. Ce n’est pas en pensant mieux qu’on se libère, mais en réhabilitant ce qu’on avait écarté : l’émotion, l’intuition, l’imprévisible. Et c’est dans ce désarmement que peut renaître une forme de présence.

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