Psychologie

Nous croyons connaître notre enfance : ce que nous avons vécu, ce que nous avons ressenti, les rôles que nous avons joués dans la famille. Et pourtant, le regard que nous portons sur cette période fondatrice n’est jamais totalement neutre ni figé. Il est influencé par notre histoire, notre vécu adulte, nos blessures et nos constructions inconscientes. Revenir sur son enfance, c’est souvent revenir sur la place qu’on y a occupée, sur le récit que l’on a hérité… ou que l’on s’est raconté pour tenir debout. Changer ce regard peut alors permettre de réécrire sa position dans son propre récit, et de retrouver une liberté intérieure.

L’enfance n’est jamais derrière nous

L’enfance n’est pas une période simplement révolue : elle continue d’agir à travers nos émotions, nos relations, nos réactions les plus vives. Ce que nous avons vécu — ou cru vivre — laisse des traces profondes, parfois silencieuses, qui colorent notre manière d’aimer, de nous affirmer, de faire confiance. Ce ne sont pas uniquement les faits qui comptent, mais la manière dont nous les avons intériorisés, dont nous leur avons donné (ou non) un sens. C’est pourquoi changer de regard sur son enfance, ce n’est pas nier ce qu’il s’est passé, mais s’autoriser à relire autrement ce qui s’est inscrit en soi.

Des rôles familiaux intériorisés très tôt

Dans une famille, chacun occupe — souvent sans le choisir — une place, une fonction, un rôle : le protecteur, le sage, le rebelle, l’enfant facile, le médiateur, l’invisible… Ces positions sont rarement dites, mais se transmettent par les regards, les attentes, les silences. L’enfant s’y adapte pour conserver le lien, pour être aimé ou simplement exister dans la dynamique familiale. Mais à l’âge adulte, ces rôles peuvent devenir des carcans invisibles, qui limitent notre liberté d’être autrement. Interroger cette place est donc un premier pas pour se redonner le droit de changer.

Un récit hérité ou imposé

Souvent, l’histoire de notre enfance nous est racontée par les autres avant de l’être par nous-mêmes. Les phrases toutes faites – « Tu étais toujours comme ça », « Tu as toujours été fragile », « Tu étais le pilier de la famille » – peuvent devenir des étiquettes puissantes, parfois intériorisées sans questionnement. Mais ce récit peut être incomplet, injuste, ou tout simplement éloigné de ce que l’on a vécu intérieurement. Le remettre en question, c’est oser affirmer que notre expérience intime mérite d’être entendue dans sa complexité.

Se réapproprier son histoire de l’intérieur

Changer le regard sur son enfance, ce n’est pas accuser ni idéaliser : c’est chercher ce qui a été tu, ce qui a été oublié, ce qui a été mal compris. C’est aussi réhabiliter des émotions passées, parfois minimisées ou jugées à tort. Ce travail permet de retrouver sa propre voix, de redonner du relief à son parcours, et de se dégager des schémas répétitifs qui viennent souvent de cette période fondatrice. Il s’agit de passer du rôle imposé au choix conscient, de la répétition inconsciente à la construction de sens.

Une position nouvelle dans le présent

Quand on parvient à relire son enfance autrement, on bouge dans le présent. On ne vit plus uniquement à partir de blessures anciennes ou de devoirs hérités, mais à partir de ce que l’on choisit d’être aujourd’hui. Réécrire sa place dans l’histoire, ce n’est pas effacer le passé, c’est réouvrir l’avenir. Cela permet de construire une narration intérieure plus juste, plus nuancée, où l’on cesse d’être défini par une ancienne image de soi pour devenir acteur et auteur de sa trajectoire.

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