Psychologie

Il y a des événements que l’on croit rangés dans un coin de sa mémoire. On se dit que c’est derrière, que « c’est du passé ». Et pourtant, quelque chose en nous continue à réagir, à se tendre, à se fermer sans qu’on sache toujours pourquoi. Des situations anodines réveillent une émotion disproportionnée. Un mot, un regard, un silence, et tout remonte. Ce que l’on croyait surmonté revient autrement. Quand le passé ne passe pas, il agit à bas bruit, dans les replis du corps, de l’affect, du lien. Pourquoi ? Et que faire avec cette blessure qui ne parle pas toujours, mais qui agit encore ?

Une blessure n’est pas un souvenir figé

Le passé n’est pas derrière nous quand il n’a pas été symbolisé. Un événement marquant, s’il a été vécu sans mots, sans soutien, sans élaboration, devient un bloc émotionnel. Il s’enfouit, mais ne disparaît pas. Ce n’est pas tant l’événement en lui-même qui agit, que la trace qu’il a laissée dans le psychisme. Une empreinte muette, qui se réveille dès qu’une situation actuelle la frôle de près. On croit réagir à l’instant présent, alors que c’est le passé qui surgit à travers lui.

Ce qui ne s’est pas dit se rejoue

Une blessure non reconnue cherche à se rejouer pour être enfin reconnue. Ce processus est souvent inconscient. On attire malgré soi des situations similaires, on répète certains liens, on réagit de manière excessive – non pas parce qu’on exagère, mais parce que le psychisme tente de rejouer une scène non digérée, en espérant une issue différente. C’est un besoin de réparation, de sens, de mise en mots. Tant que cela ne se fait pas, le symptôme parle à la place de l’histoire.

L’intensité émotionnelle comme indice

Souvent, ce sont les réactions les plus vives, les plus incompréhensibles, qui trahissent la présence d’une blessure ancienne. Un simple désaccord déclenche un effondrement. Un retard réactive une angoisse d’abandon. Ce qui semble « disproportionné » ne l’est pas pour celui qui le ressent. C’est la mémoire affective, non la logique, qui s’exprime. Écouter cette intensité avec bienveillance permet de remonter le fil, de reconnaître l’origine silencieuse de la douleur.

Guérir, ce n’est pas oublier

Il ne s’agit pas d’effacer, mais de transformer. Une blessure du passé peut devenir moins active lorsqu’elle est nommée, pensée, entendue. Le travail thérapeutique, introspectif ou symbolique aide à restituer à la personne ce qui a été mis de côté. L’histoire ne change pas, mais sa place dans la mémoire peut évoluer. Elle cesse d’être un noyau douloureux pour devenir un élément du récit, non plus une blessure ouverte, mais une trace intégrée.

Trouver un psy