Psychologie

Il arrive qu’on réagisse de manière disproportionnée à une situation en apparence banale. Un mot, une attitude, un changement de ton — et, sans prévenir, l’inquiétude monte, la méfiance s’installe, le corps se tend. Tout se passe comme si un danger planait… alors qu’il n’y a aucun risque réel. Ce réflexe est souvent ancien. Il ne parle pas du présent, mais d’un passé qui continue d’imprimer sa marque. Pourquoi nous protégeons-nous encore de quelque chose qui, objectivement, n’est plus là ?

Une alarme qui ne s’est jamais éteinte

Le psychisme humain garde la mémoire des blessures. Lorsqu’un événement a été vécu comme menaçant, humiliant, déstabilisant, le corps et l’esprit mettent en place des mécanismes pour s’en protéger : vigilance accrue, retrait, anticipation, contrôle. Ces réflexes peuvent être utiles dans l’urgence. Mais quand le danger disparaît et que le mécanisme reste actif, c’est comme si l’alarme continuait de sonner, même en l’absence de feu.

Ce que l’on protège, c’est une version ancienne de soi

Souvent, ce que l’on cherche à éviter inconsciemment, ce n’est pas la situation actuelle, mais une douleur passée. On continue à se protéger comme si l’on était encore vulnérable, dépendant, sans ressource. L’adulte d’aujourd’hui réagit encore avec les outils de l’enfant qu’il a été, parce que cette mémoire émotionnelle, elle, n’a pas été mise à jour. Le corps se souvient, même si la raison sait que « ce n’est plus pareil ».

La confusion entre passé et présent

Ces mécanismes défensifs, bien que dépassés, ne sont pas absurdes. Ils ont un sens : ils ont protégé une part de soi à un moment où c’était vital. Le problème, c’est qu’ils continuent à s’activer par automatisme, sans tenir compte de la réalité d’aujourd’hui. Ce décalage crée une confusion : on vit dans le présent, mais on réagit à partir du passé. Ce n’est pas une faiblesse, mais le signe qu’un vécu ancien reste vivant à l’intérieur.

Vers une mise à jour intérieure

Sortir de cette hyperprotection ne se fait pas en forçant le lâcher-prise. Cela commence par reconnaître le mécanisme, sans le juger. Puis par ramener l’adulte que l’on est dans la scène intérieure : lui rappeler que les conditions ont changé. Cette réintégration peut passer par une parole, une thérapie, une écriture, une prise de conscience corporelle. Il ne s’agit pas de supprimer la peur, mais de lui dire : je vois ce que tu protèges, mais je suis là maintenant. Et c’est souvent dans cette coexistence entre l’ancien et le nouveau moi que peut s’ouvrir une sensation de sécurité plus réelle.

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