Chacun cherche sa place dans la famille

Au sein de la fratrie, dans la filiation ou même dans le couple, chacun s'interroge sur la place qu'il occupe. La crainte se situe toujours dans la manière dont tous se pensent ou souhaitent être aimés.
 

Dès le début de son existence, l'enfant est positionné dans le langage de ses parents et de ses aïeux. Le discours sur le sujet précède sa naissance. Or toute parole et toute définition quand elles se posent sur un sujet – a fortiori un enfant – le situe dans une structure voire l'y enchaîne. Ainsi, dès le départ notre place est conditionnée par les idéaux de ceux qui nous ont précédés. L'enfant est aimé avant même d'arriver au monde. Il arrive dans un bain de langage, d'affects et de liens préétablis. Toutefois, au cours de son développement le petit homme va imposer sa personnalité et modifier le schéma proposé par ses parents. De là, naissent des heurts, des désillusions et parfois de grandes tensions.
 

Dans un groupe familial, tous les membres sont interdépendants. Chacun se trouve pris dans un réseau relationnel où l'imaginaire prime. Il doit satisfaire aux projections et idéaux de ceux qui l'entourent. Les places des uns et des autres sont donc les résultantes de l'enchevêtrement de ces faisceaux affectifs. Au sein de tous ces liens, l'enjeu est toujours l'affect et l'amour. Ainsi, chaque enfant attend d'être le préféré de ses parents et le conjoint souhaite être au premier plan dans le cœur de son partenaire, en tous les cas devant ses beaux-parents.
 

Le plus communément dans les familles, les places affectées ne sont pas explicites. Tous les membres se confrontent alors à des "allant de soi" dont ils peinent à comprendre l'instauration. Untel ressemblant à son oncle disparu se trouvera placé par sa grand-mère dans une position similaire à celui-ci ou telle autre sera conditionnée à prendre la place de sa mère. C'est ce qui est agissant dans les problématiques intergénérationnelles (anorexie, dépression, …). Chacun rejoue en fait une partie de son histoire individuelle et de ses fixations quand il transfère ses attentes inconscientes au cœur du fonctionnement familial. 

Ce carcan devient vite étouffant surtout quand, coincé entre les exigences du système et ses contraintes intérieures, la personne se sent en conflit. Dès lors, elle souhaite s'émanciper et construire une place la plus confortable pour elle. Celle-ci sera un compromis entre les exigences de son Moi et les attentes du monde extérieur (parents, famille, proches…).
 

Pour enfin trouver l'équilibre qui nous convient, il est important de procéder à l'analyse des blocages et des attentes non-exprimées. Prendre conscience de ce qui se joue dans sa relation à la famille permet de prendre de la distance et d'instaurer de nouveaux liens débarrassés d'attentes fantomatiques.

Parvenir à exprimer ce que nous sommes au fond et nos besoins vitaux (amour notamment) engage les relations dans des voies imprévues. Il sera ensuite plus simple de se sentir authentique et d'instaurer avec les autres des relations fondées sur l'expression claire de ses ressentis. C'est de toute manière la seule garantie d'être solidement placée exactement là où nous souhaitons être. Dire qui nous sommes et ce que nous désirons pour recevoir de l'autre les réponses et affects attendus nous confirmera dans la certitude d'avoir enfin trouvé notre place.