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Une rencontre sur 2 se fait par Internet
Chacun associe désormais les termes ‘rencontres sur Internet’ aux rapports amoureux. Pourtant, le Web influe sur toutes les catégories de relations; des échanges professionnels aux contacts amicaux, en passant par les discours citoyens.
Le monde du travail
L’impact des nouvelles technologies de communication sur les conditions de travail est au cœur de nombreuses recherches dans le champ de la psychologie et de la sociologie du travail, pour ne citer que ces deux domaines.
S’il n’est pas question de renier les évolutions que représentent le développement du télé-travail, le gain de temps considérable engendré par les mail ou encore les transpositions et le partage des compétences possibles grâce à l’évolution des technologies à distance (dans le cas de l’opération de patients à distance par exemple), il ne s’agit pas non plus de cautionner toutes ces transformations et de passer sous silence les effets pervers de tels outils.
En matière de charge de travail notamment, il est indéniable que le développement des messageries électroniques et des possibilités des téléphones portables, a abouti à une charge mentale accrue, à une réduction des temps de réflexion, à une augmentation du rythme de travail, ou encore à l’effacement de la frontière entre le temps professionnel et le temps privé.
Les liens sociaux
Sur cette question, il semble à nouveau que les conséquences des ‘échanges et liens numériques’ soient ambivalentes. Du côté positif de la balance, nous trouvons la multiplicité des dialogues sociaux, le développement des échanges internationaux et culturels, l’accès facilité à l’information, la diffusion des connaissances ou encore le renouveau des débats sociaux et politiques.
Malheureusement, nous pouvons citer tout autant d’effets néfastes : l’isolement social (se replier derrière son écran), la falsification des rapports humains, la disparition de valeurs et de connaissances communes (les rituels de politesse ou les compétences orthographiques par exemple), le risque de développement des conduites addictives etc…
A ces questions, nous pouvons ajouter un élément majeur de réflexion qui tarde à être pris en compte par les pouvoirs publics : celui de la fracture sociale et générationnelle engendrée par les nouvelles technologies. En raison du coût du matériel ou encore des compétences nécessaires, une grande part de la population, dont les plus âgés, se trouve en marge de la société. Or une société qui ne répartit pas équitablement ses évolutions entre ses membres et qui tend à rompre les liens avec son histoire (rupture avec les anciens) nous apparaît comme injuste et à la limite, voire en dehors des principes démocratiques.
Les relations amoureuses
Véritable phénomène de société, l’explosion des sites de rencontre par Internet est un écho au nombre toujours plus élevé de célibataires. Il semble important de reconnaître que les rituels amoureux et autres codes de séduction s’étaient trouvés transformés bien avant l’apparition d’Internet : l’émancipation féminine, la revendication de la parité, le développement des contraceptions ou encore l’apparition du sida avaient en effet considérablement modifié les liens amoureux.
Internet permet toutefois une ‘offre’ inépuisable de ‘candidats amoureux’ et coïncide avec une évolution des mœurs qui veut que l’épanouissement professionnel et l’acquisition d’une expérience sexuelle, passent avant le choix d’un conjoint et la création d’une famille : beaucoup utilisent en effet les sites de rencontre dans cet objectif, et non dans celui de trouver l’âme-sœur.
Concernant les rencontres amoureuses ‘sérieuses’, nous admettons qu’Internet a démultiplié les possibilités tout autant que les adeptes, mais il ne semble absolument pas à l’origine des ‘prises de contact’ à distance : rappelons en effet l’existence des agences matrimoniales ou encore le développement des petites annonces réservées aux célibataires… Signalons, à toute fin utile, que tous les grands journaux disposent toujours de cette rubrique.