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Thérapie familiale : guérir ensemble
La spécificité de la thérapie familiale est de considérer le symptôme non pas comme la manifestation d’une souffrance individuelle mais comme le résultat d’un dysfonctionnement de la famille.
Naissance de l'analyse systémique
Les livres ‘Une logique de communication’ puis ‘L’invention de la réalité’ de Paul Watzalwick fondèrent les bases de la théorie systémique et de son application au modèle familial.
En découvrant les écrits de Bateson et de l’école de Palo-Alto, ce psychanalyste jungien fut particulièrement frappé par l’application qu’il faisait de la vision anthropologique au champ de la santé mentale : alors que le psychiatre tente de faire adhérer une liste de symptômes à un modèle théorique appris, l’anthropologue agit à l’inverse, en tentant de comprendre dans quel système le comportement (symptôme) observé fait sens.
En observant de façon rigoureuse et systématique les comportements et les communications de professionnels face à des conflits, à des choix complexes ou encore à des situations d’urgence (policier, éducateur, pilote, chef d’entreprise…), Watzalwick tenta de créer une théorie empirique qui devint par la suite le modèle de thérapie brève. Il définit progressivement le concept de réalité : chaque individu construit sa propre réalité qui entre en inter-relation avec les réalités d’autres sujets : il s’agit de la notion de système en résonance.
Les bases thérapeutiques
Elles se construisent autour de la notion de réalité et du distinguo entre les réalités de premier ordre et de second ordre.
Watzalwick cite l’exemple de la perception des couleurs : elle est de premier ordre et correspond à la perception transmise par les sens via le système neuronal. A celle-ci s’ajoute la réalité de second ordre, c'est-à-dire les attributions, les sens que nous donnons à cette perception (concernant les couleurs, on peut penser par exemple à la symbolique des couleurs). Ce sont ces attributions qui constituent la réalité secondaire, elles peuvent être douloureuses et/ou conflictuelles parce que différentes de l’attribution donnée à cette même perception par un autre sujet.
Dans ce schéma, on peut considérer qu’une thérapie consiste à transformer une construction douloureuse en une autre qui l’est moins. Par ailleurs, la thérapeute peut travailler à partir des solutions déjà tentées par la famille afin de dégager les constructions non opérables et de tenter de les modifier.
Concrètement, il peut s’agir d’exercices pratiques consistant à demander au sujet d’agir d’une façon très précise dans une situation spécifique. L’objet de cette méthode est de permettre au sujet d’entrevoir un agir différent, jamais testé parce qu’il appartient à une autre construction.
Indications
Les familles orientées vers des thérapeutes familiaux le sont souvent après plusieurs consultations en thérapies individuelles. Il arrive parfois que la souffrance de l’un des membres soit le révélateur d’une problématique systémique et non individuelle.
L’analyse de la demande de consultation est souvent déterminante pour orienter vers une thérapie individuelle ou une thérapie familiale. Dans le premier cas, le sujet exprime sa propre demande de soin vis-à-vis de son symptôme, dans le second, le sujet est désigné par l’ensemble du groupe comme ‘malade’ et nécessitant de l’aide.
L’économie du système familial repose alors sur la désignation d’un membre comme ‘malade’. Il s’agit de se questionner sur cette nécessité et sur les mécanismes de défense qui y sont attachés.
Principes de base
Il existe peu de préalables précisément définis en thérapie familiale systémique, si ce n’est de considérer le thérapeute comme un membre du système à part entière et non comme un observateur extérieur. Une autre règle consiste à regrouper les membres d’une famille sur deux générations minimum et de résister aux processus d’exclusion mis en œuvre par le groupe et qui se traduiraient par l’absence systématique de l’un des membres.
Les symptômes du patient désignés par la famille sont considérés telle une crise pour le fonctionnement du groupe qui ne parvient pas, cette fois, à s’adapter et à créer de nouveaux modes de réponses. Tout l’objet de la thérapie sera alors d’amener la famille à comprendre ‘à quoi sert le symptôme’.
L’un des autres axes de travail consiste à casser les phénomènes de répétition, c'est-à-dire un ensemble de comportements et de perceptions qui ont pour objectif de maintenir l’homéostasie du groupe et de s’opposer au changement.
A ces éléments s’ajoute la prise en charge de l’ensemble des transmissions inter et intra générationnelles ainsi que les problématiques des mythes familiaux (ensemble de croyances sur les qualités supposées du groupe) qui rejoignent les concepts de la psychogénéalogie.