Mode ZEN
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Suis-je homosexuel(le) ?
Les sociétés occidentales ont brouillé les frontières entre les différentes expressions du sexuel. Elles ont renversé une domination religieuse séculaire. Celle-ci avait imposé un certain formalisme à la sexualité. De facto, cette rigidité protégeait les sujets d'avoir à penser leur devenir quant à leur orientation. Bon gré, mal gré, chacun se devait de rentrer dans des cases sociales prédéfinies. Mais le XXème siècle a "libéralisé" de nouvelles potentialités existentielles. Cela a renforcé les questionnements individuels. D'entre tous, celui autour de l'orientation sexuelle occupe aujourd'hui l'avant-poste des recherches identitaires.
Identité ou orientation sexuelles ?
Lors de son développement, chaque être doit d'abord se construire en tant qu'individu sexué puis comme individu sexuel. Il s'assigne à un genre et acquiert ainsi son identité sexuelle (féminin/masculin/intersexe). Puis son évolution l'amène à interpréter cette identité afin de la décliner en orientations sexuelles (hétérosexuel, homosexuel, bisexuel,…). Ces orientations à l'inverse des identités sont très détachées du biologique. Elles connaissent donc une grande diversité.
Si l'identité sexuelle est fixée assez précocement dans l'enfance, l'orientation sexuelle évolue et se complexifie au cours de la croissance et notamment à l'adolescence. Elle ne se stabilise toutefois jamais définitivement. Comme toute construction purement psychique, l'orientation sexuelle est le fruit d'un compromis dont les paramètres sont sans cesse en mouvement (rencontres, histoires, …). S'il est possible de s'annoncer homo, hétéro ou bisexuel, c'est seulement à un instant donné. Il faudrait être doué de talents divinatoires pour présager que rien n'ébranlera jamais cette certitude.
Si l'identité sexuelle est fixée assez précocement dans l'enfance, l'orientation sexuelle évolue et se complexifie au cours de la croissance et notamment à l'adolescence. Elle ne se stabilise toutefois jamais définitivement. Comme toute construction purement psychique, l'orientation sexuelle est le fruit d'un compromis dont les paramètres sont sans cesse en mouvement (rencontres, histoires, …). S'il est possible de s'annoncer homo, hétéro ou bisexuel, c'est seulement à un instant donné. Il faudrait être doué de talents divinatoires pour présager que rien n'ébranlera jamais cette certitude.
Un doute qui effraie
Lorsque l'adolescent (le plus fréquemment) mais aussi l'adulte s'interroge sur ses préférences sexuelles, ce processus est toujours source d'angoisses. En effet, la décision prise influe sur sa communauté d'appartenance. Or toutes les préférences sexuelles ne connaissent pas la même acceptation sociale. En conséquence, il existe une peur de ne pas être accepté et de se voir discriminer.
Hors cette dimension sociale, c'est aussi envers ses exigences intérieures que le sujet a à se positionner. Encore souvent, les choix homos ou bisexuels sont considérés par la personne elle-même comme des sous-choix. Chacun se confronte aux diktats parentaux qu'il ou elle a intériorisés. Lorsque l'enfant naît, il n'est jamais pensé par ses parents autrement que comme futur hétérosexuel. En la matière, nous sommes tous naturalistes et adhérons inconsciemment à l'idée que la filiation est fixée et logique. Chaque enfant reçoit la mission tacite d'avoir à poursuivre sa lignée. Faire un autre choix, c'est s'opposer aux structures inconscientes mises en place tout au long de l'enfance.
Hors cette dimension sociale, c'est aussi envers ses exigences intérieures que le sujet a à se positionner. Encore souvent, les choix homos ou bisexuels sont considérés par la personne elle-même comme des sous-choix. Chacun se confronte aux diktats parentaux qu'il ou elle a intériorisés. Lorsque l'enfant naît, il n'est jamais pensé par ses parents autrement que comme futur hétérosexuel. En la matière, nous sommes tous naturalistes et adhérons inconsciemment à l'idée que la filiation est fixée et logique. Chaque enfant reçoit la mission tacite d'avoir à poursuivre sa lignée. Faire un autre choix, c'est s'opposer aux structures inconscientes mises en place tout au long de l'enfance.
Une définition aléatoire et mouvante
Il n'existe pas de recette miracle qui permettrait de savoir à quelle préférence nous adhérons. Loin des clichés renvoyés par les médias, aucune sexualité ne pousse à préférer la mode, la coiffure ou le football. L'orientation sexuelle participe de l'identité sociale bien plus qu'elle ne la détermine. Nombreux sont les homosexuels confrontés au récurrent : "ça ne se voit pas" et multiples sont les hétérosexuels suspectés de tendances sous le prétexte qu'ils ne répondent pas aux codes imposés.
Quand bien même, exprimerait-on une attirance pour une personne en particulier, cela modifie-t-il la personne que nous sommes ? Le désir est complexe et jamais linéaire. Nous faisons l'expérience que malgré les préférences que nous exprimons nos objets sexuels et amoureux sont régulièrement "hors champ". La théorie freudienne l'a bien compris quand elle a décrit un psychisme dont l'essence est toujours bisexuelle. En fait notre désir est toujours composite et vise à satisfaire une pulsion bifide (active/passive notamment).
Se déprendre de la culpabilité
Pour autant, tous et toutes qui font l'expérience d'un désir pensé "anormal", sont obligés de se frotter à une certaine souffrance. Nos cultures sont normatives et font correspondre le normal avec ce qui est le plus couramment exprimé. Ceux qu'elles placent à la marge doivent rentrer dans le moule sinon ils remettent en cause les structures qui les fondent. Pourtant c'est de cette diversité des désirs qu'elles s'enrichissent. Il existe en réalité beaucoup plus de modalités désirantes que de cases inventées par le groupe dominant. Même au sein de celui-ci, le désir est polymorphe.
La culpabilité prend sa source de la confusion entre préférences et identités sexuelles. Chacun(e) est en fait libre d'exprimer son substrat biologique de la manière qui lui convient. Se penser homosexuel(le) ne présente aucune restriction des potentialités individuelles (parentalité, alliance, vie professionnelle). Peut-être devons-nous raison garder et nous rappeler que l'acte sexuel – seul espace de différenciation réelle entre les orientations – est un acte privé sur lequel la société ne devrait pouvoir jeter ni regard ni opprobre. Refuser les déterminations et les limitations est le prochain défi à relever car jamais un sujet ne devrait se trouver déterminé par sa seule sexualité. La psychanalyse à l'opposé des approches comportementale nous a légué le prodigieux savoir que le sujet excède de beaucoup ses actes. Il serait regrettable d'effectuer une colossale régression intellectuelle réduisant les hommes à leur sexualité. Ce serait renoncer aux libertés acquises au XXème siècle et accréditer un réductionnisme dont se sont nourris tous les totalitarismes.
La culpabilité prend sa source de la confusion entre préférences et identités sexuelles. Chacun(e) est en fait libre d'exprimer son substrat biologique de la manière qui lui convient. Se penser homosexuel(le) ne présente aucune restriction des potentialités individuelles (parentalité, alliance, vie professionnelle). Peut-être devons-nous raison garder et nous rappeler que l'acte sexuel – seul espace de différenciation réelle entre les orientations – est un acte privé sur lequel la société ne devrait pouvoir jeter ni regard ni opprobre. Refuser les déterminations et les limitations est le prochain défi à relever car jamais un sujet ne devrait se trouver déterminé par sa seule sexualité. La psychanalyse à l'opposé des approches comportementale nous a légué le prodigieux savoir que le sujet excède de beaucoup ses actes. Il serait regrettable d'effectuer une colossale régression intellectuelle réduisant les hommes à leur sexualité. Ce serait renoncer aux libertés acquises au XXème siècle et accréditer un réductionnisme dont se sont nourris tous les totalitarismes.