Difficulté de lecture : 3 / 5
Souffrances diffuses et anciennes
Il n’est nul besoin d’agression ou de catastrophe pour ressentir une souffrance. Certaines douleurs sont latentes et entraînent des symptômes récurrents, des mécanismes d’échecs à répétition ou provoquent un effondrement psychique.
Le normal et le pathologique
En psychologie, aucune question ne semble plus posée que celle de la définition de la normalité. Impossible, en effet, de définir une évolution psychique moyenne, de la qualifier de référente et de définir de pathologiques celles qui ne suivraient pas sa courbe.
L’identification de symptômes ou la reconnaissance de la souffrance ne constitue pas de critères plus simples, car tous, à un moment de notre vie, sommes confrontés à des symptômes et à la souffrance du simple fait d’évoluer et de grandir, sans pour autant entrer dans le pathologique.
La pathologie s’entend donc au regard de ses conséquences : on parle de pathologie lorsque le sujet est victime d’une invalidité causée par des symptômes durables et contraignants ou d’une souffrance importante paralysante.
Bien entendu, cette définition n’est pas satisfaisante car la souffrance n’implique pas (et heureusement) la pathologie. En revanche, le caractère invalidant semble davantage pertinent car il renvoie à une impossibilité de faire ou à des échecs répétitifs, deux des causes très fréquentes de consultation des psychologues ou psychanalystes.
Les liens avec l’enfance
Si l’un des thèmes majeurs de la psychanalyse porte sur l’enfance et les relations parentales, c’est que cette époque de la vie renferme les bases du psychisme individuel et de la construction de notre identité.
La résolution du complexe d’Œdipe ou encore le vécu de l’enfant lors du complexe de castration sont des étapes primordiales dans l’évolution psychique tout comme les regards portés par les parents sur leur enfant. Une éducation trop stricte, des jugements abaissants ou humiliants entraînent un sentiment d’incapacité et d’insatisfaction, affaiblissent le Moi et sur-développe le Surmoi.
L’implication de l’histoire générationnelle est aussi prégnante sur l’évolution de l’enfant au sein de sa famille. Il arrive en effet que des enfants portent le poids des conflits non résolues par leur parent et aient hérité, telle une mission, du devoir de réparer les blessures de leur géniteur.
La décompensation
Introduite par Jean Bergeret vers 1970, l’idée d’une décompensation tend aujourd’hui à se banaliser, véhiculant l’image d’un effondrement psychologique, survenant à la suite d’un évènement qui a réactivé un traumatisme passé enfoui.
Lors d’une décompensation, un épisode morbide provoque une recrudescence de problématiques jusqu’alors stabilisées, un débordement des défenses psychiques puis la reprise d’un fonctionnement moins élaboré (apparition de symptômes, épisode dépressif).
En effet, les circonstances relationnelles et sociales mettent l’individu en présence de situations qui, à un moment donné, entrent en résonance avec des problématiques psychologiques. L’équilibre est alors maintenu ou compromis. S’il est maintenu, la personnalité psychique reste compensée, dans le cas contraire, elle décompense : il se produit une dynamique productrice de syndromes et de symptômes.
Une organisation de la personnalité, qu’elle soit névrotique, limite, perverse ou psychotique, si elle est bien compensée et comporte des moyens de sublimation suffisants, ne produit pas de symptômes bruyants et ne donne aucune anormalité socialement repérable : une organisation de la personnalité, quelle qu’elle soit, permet donc une normalité sociale.