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Souffrances au travail chez Pôle Emploi
Presque deux ans après la naissance de Pôle Emploi, ses salariés n'ont de cesse d'alerter les pouvoirs publics sur leurs conditions de travail et leur incapacité à réaliser un travail de qualité auprès des demandeurs d'emploi. Quels sont leurs arguments ? Quelles sont causes et les conséquences de leur situation ?
La surcharge de travail
Dans la période de crise économique que nous traversons, les fermetures d’entreprises et les licenciements se sont multipliés, augmentant considérablement le nombre de français inscrits à Pôle Emploi.
Avec parfois plus de 180 personnes à suivre, les conseillers ne parviennent plus à accompagner leurs bénéficiaires dans de bonnes conditions: le soutien moral, l’écoute, le travail de mise en relation avec les entreprises locales, la définition des projets professionnels, toutes ces étapes essentielles au processus de retour à l’emploi sont bâclées voire supprimées. Leur travail est devenu purement administratif : « Pôle emploi est devenu une gare de triage », déplore une conseillère, qui n’a « plus le cœur de faire un travail superficiel, purement administratif »(1).
La transformation de l’activité
L'Anpe et les Assedics ayant fusionné, les salariés doivent désormais être polyvalents et maîtriser l’ensemble des compétences nécessaires aux missions d’accompagnement des demandeurs d’emploi mais aussi de gestion des indemnités chômage.
Acquérir ces nouvelles compétences nécessitait un temps d'apprentissage et de mise en pratique que la direction a manifestement négligé en proposant un plan de formation minimale et en ne tenant pas compte de l'effet de la crise sur la charge de travail de ses salariés.
L’échec de la fusion
Tout changement provoque des résistances et doit, par conséquent, être accompagné. Or, la fusion entre l’Anpe et les Assedics s’est déroulée dans un contexte de surcharge professionnelle, de pressions politiques et de fort mécontentement social.
Les résistances au changement se sont transformées en un profond mal être qui s’aggrave continuellement face au silence de la direction: « Je ne vois pas où ils veulent en venir avec cette fusion, si ce n’est à réduire le personnel et faire des économies. L’objectif de cette fusion, c’est qu’on soit cassés, pour justifier de donner le travail aux opérateurs privés »
Les souffrances psychologiques
Ces conditions de travail s’avèrent désastreuses pour la santé physique et morale des salariés. Assaillis par la peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas savoir répondre aux besoins de leurs bénéficiaires, ils ressentent une grande souffrance aggravée par le sentiment d’isolement et par l’incompréhension de leur hiérarchie, elle-même soumise à des pressions politiques importantes: «Avec la fusion, les directeurs d’agence sont en concurrence pour sauver leur peau, alors ils ont augmenté la pression sur nous »
Des appels au secours
Le nombre d’arrêts maladie explose, les tensions entre conseillers et demandeurs d’emploi se multiplient et s’aggravent, provoquant agressivité et crises de pleurs sur le lieu de travail.
En détresse, les salariés manifestent et n’hésitent plus à prendre la parole pour se faire entendre des pouvoirs publics et de l’ensemble de la population; les grèves sont devenues un moyen de décharger leur souffrance, de pouvoir s’exprimer, d’être compris : « Même si on n’obtient rien, ça fait du bien au moral d’extérioriser notre mal-être »; « Parler des problèmes entre nous permet de ne pas se sentir isolé, et de ne pas en arriver à des gestes extrêmes »
Après les évènements dramatiques survenus chez France Telecom, les français ont pris conscience de la gravité des souffrances provoquées par de mauvaises conditions de travail. En libérant la parole, la médiatisation des suicides a détruit les barrières qui empêchaient l’expression du mal être professionnel. Les manifestations des salariés de Pôle Emploi ne sont donc pas un moyen de revendiquer des idées, il ne s’agit pas d’établir un rapport de forces avec les dirigeants, mais de crier leurs souffrances, leur détresse et leur solitude.
(1) Les propos cités dans cet article ont été recueillis lors des manifestations des salariés de Pôle Emploi