Difficulté de lecture : 5 / 5
Respect des lois, respect des autres
Alors que la loi apparaît à tous comme le moyen de respecter les autres, beaucoup oublient que c’est le respect de la personne qui donne sens à l’instauration des lois et non l’inverse.
Autour de la notion de respect
Des premiers écrits philosophiques aux textes de lois contemporains, le terme de respect se trouve associé aux questions du respect d’une ‘loi morale’ ainsi qu’aux concepts entourant les notions relatives à la ‘personne’ et à la ‘dignité humaine’.
De son côté, cette ‘idée’ d’une dignité humaine sous-entend une attitude de bienveillance envers l’Homme, pensé comme fondamentalement beau et bon. La bienveillance et le respect constituent alors la vertu, rejoignant ainsi le sens moral évoqué plus haut.
L’évolution de ce ‘sens moral’ vers la formalisation des lois trouve son origine dans la compréhension de son fonctionnement. L’observation des enfants suffit en effet à démontrer que la ‘morale’ n’est pas innée mais répond davantage à l’instauration d’une loi intérieure propre à chaque individu. De cette réflexion est née la volonté d’objectiver les principes de cette loi interne afin de la détourner de tout affect. L’aboutissement de ce processus a conduit à la formulation des lois telles que nous les connaissons.
Corrélations entre Loi et devoir
Loi et devoir forment un binôme indissociable du fait du caractère binaire instauré par toutes les lois, à savoir prétendre distinguer ce qui est bon de ce qui est mauvais, et ce, dans une dimension universelle, c'est-à-dire applicable à tous et en tout temps.
La Loi se charge donc nécessairement d’une dimension impérative du fait de son application (nous pourrions dire imposition) à tous. Or ce qui est impératif instaure une obligation, sinon un devoir.
Ainsi donc, le sens moral humain permit la création de la Loi, dont l’universalité la chargea d’un caractère obligatoire, c'est-à-dire d’un devoir. La problématique de l’individu situé dans la société devient alors celle de sa volonté, de son intention de se soumettre à ses lois et à ses devoirs. Finalement, la question de la moralité de l’Homme réside en sa volonté d’agir par ‘devoir’ : Kant dira que « c’est la bonne intention de la volonté qui caractérise la moralité. C’est alors seulement que l’esprit de la loi est réalisé : L’esprit de la loi morale repose sur l’intention ». (1)
Respect et sentiment
Admettre que l’esprit de la loi repose sur l’intention de l’Homme, suppose de reconnaître sa capacité à se montrer sensible au jugement moral tel que nous l’avons défini ci-dessus (en termes de bienveillance et de respect de la personne).
Cette sensibilité à la loi morale, combinée à l’intention de se soumettre à la Loi, ne nécessite alors qu’un élément pour se transformer en action de respect des lois, à savoir le mobile : « Ce qui est essentiel dans la valeur morale des actions, c’est que la loi morale détermine immédiatement la volonté » (kant).
Arrivés à ce point précis, ces éclairages semblent en mesure d’expliciter certains dysfonctionnements de notre société actuelle. En effet, si le respect est la pierre angulaire de l’adhésion à la Loi et de l’action de s’y soumettre et de l’appliquer, alors nous comprenons davantage la crise de confiance existante entre le peuple française et ses dirigeants, censés représenter la Loi alors que beaucoup ne les considèrent plus ni ‘respectables, ni garants des valeurs morales.
(1) Kant, Critique de la raison pratique, 1788