Rencontrer l'histoire
Aller à la rencontre de personnes des générations qui nous précèdent revient à ouvrir un livre d’histoire en donnant vie aux grands chapitres qui ont jalonné notre société, notre culture et façonné une partie de nous-mêmes…
Dans une société dans laquelle la vieillesse et la mort sont régulièrement occultées, il semble très intéressant de prendre le temps de l’écoute et de l’échange. Les rencontres avec des personnes extérieures à notre famille et qui appartiennent aux générations de nos parents et de nos grands parents, offrent de nombreux bénéfices potentiels. Celles ci peuvent permettre de donner plus de sens à nos existences et de mieux nous inscrire dans une lignée humaine, générationnelle.
Histoire et transmission
Lire dans un livre d’histoire ce qu’a été la seconde guerre mondiale, celle d’Algérie ou bien l’apparition du téléphone ou de l’électricité est une chose… l’entendre expliqué par ceux qui en ont été les témoins en est une autre. Chaque personne âgée qui a traversé le XXème siècle, en bonne partie pour certains, représente une chance unique d’entrer en contact et en communication avec notre histoire commune. Pouvoir poser des questions, revivre les épisodes nationaux marquants, comprendre que l’Histoire n’est pas seulement une discipline apprise pendant nos études mais forge bel et bien la culture et l’héritage de notre nation et de notre identité de citoyens français (et européens).
Une histoire lourde et douloureuse
Notre pays hérite d’une histoire complexe et lourde à de nombreux aspects. Une partie de la « souffrance française » provient indiscutablement de ce phases de notre histoire peu ou pas verbalisées, peu transmises mais pourtant bien présentes dans l’inconscient collectif. Qu’il s’agisse des stigmates de la colonisation (nombreux et encore vivaces à l’heure actuelle) ou des traumatismes liés aux guerres mondiales successives (1914-1918 et 1939-1945), la résonnance est forte pour un pays « qui a réussi à perdre 2 guerres en faisant croire qu’il les avait gagnées » (1). On peut également y ajouter celles de la décolonisation (Indochine et bien évidemment Algérie de 1958 à 1962) qui continuent à représenter des sujets de honte voire de culpabilité (légitimes au demeurant).
Face à ces héritages multiples et souvent douloureux, le lien de parole et de transmission se révèle tout simplement essentiel pour tous ceux qui désirent mieux s’approprier leur identité et accepter de faire parti d’une société, avec ses forces, ses fautes et ses contradictions passées.
(1) Frédéric Beigbeder – Un roman français – Prix Renaudot 2009.