Remplir le vide ou occuper son temps ?
L’une des valeurs clefs véhiculée par la société contemporaine repose sur la notion d’activité. Pour exister sur un plan social, il semblerait qu’il faille avant tout être actif, à l’instar du monde de l’entreprise...
La performance avant tout
Serions nous entrés dans une ère dans laquelle le « faire » compte plus que le ressenti profond ? Serions nous pris dans une sorte de spirale active que rien ne pourrait arrêter ? Serait il désormais mal vu de prendre le temps de réfléchir, de penser ? Ces questions semblent légitimes au regard des valeurs véhiculés dans le monde de l’entreprise, dans celui des médias : être en dynamique permanente, être productif sans discontinuer, aller bien quoi qu’il arrive (« ne pas se prendre la tête ») et surtout aller vite, très vite. Cette course à la performance et à la productivité a une conséquence majeure, elle empêche de penser, de se retrouver avec soi.
Loisirs productifs et improductifs
Il en est de même dans l’univers du temps libre, des loisirs. L’essentiel de la valorisation va aux activités, comme si le seul fait de « faire » suffisait à vivre, à ressentir, à exister. A contrario, la notion d’oisiveté, de repos est souvent perçue ou considérée comme « contre productive », comme une « perte de temps ». Elle est pourtant indispensable au fait de digérer le vécu, de récupérer psychiquement et de prendre le temps d’écouter ses besoins profonds. De même, l’être humain a besoin de temps pour comprendre, d’espace pour réfléchir et pleinement profiter de ses activités.
Le fait de multiplier les activités, les occupations et autres hobbies semble devenu une quasi obligation dans le monde moderne ; un agenda clairsemé étant symboliquement la traduction d’une vie peu réussie ou sans grand relief. Dans cette logique, le loisir ou l’activité doit apporter nécessairement des résultats pour être satisfaisant (en termes de connaissances, de bien être ou de réalisation de soi). Ce besoin de remplissage (de son temps, de son planning, de sa vie), parfois compulsif, révèle souvent des peurs et angoisses massives…
Répondre aux angoisses autrement
L’angoisse de mourir tout d’abord, qui est souvent niée mais pourtant inhérente à la vie humaine et essentielle à dire, à mettre en mots. Lorsque cela ne peut être le cas, elle représente un puissant moteur pour « faire » et ne pas réfléchir. L’angoisse de se retrouver avec soi, également, pousse beaucoup à se retrancher derrière un rythme de vie qui empêche de se confrontr aux questions de l'histoire personnelle et de l'existence. L’angoisse d’être soi, enfin, qui viendrait probablement se heurter aux dogmes de la performance et du « faire à tout prix »… Face à ces angoisses, il est pourtant possible de redonner du sens à ses activités en limitant leur nombre, en essayant d'alterner les moments actifs et les moments de calme et de tranquillité. Chacun y trouvera d'autant plus de satisfaction et d'authenticité pour mieux se vivre et aller à la rencontre de soi.