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Rapport sur le stress au travail
Lors des suicides de France Telecom, la France découvrit, médusée, les conséquences dramatiques que peuvent engendrer de mauvaises conditions de travail. Face à ces drames, le gouvernement se devait de réagir, le ministre du Travail, Xavier Darcos, avait donc lancé ce qu’on pourrait appeler un «questionnaire» en direction des entreprises de plus de 1000 salariés.
Objectif annoncé
Le Ministère du travail a demandé aux grandes entreprises d’engager des démarches sur le thème du stress des salariés.
Le premier objectif était donc d’amorcer un dialogue et d’inciter les dirigeants à prendre en compte la réalité des conditions de travail, à entendre le mal être de leurs salariés et ses conséquences; peut-être, osons-nous l’espérer, se diriger vers le bien être au travail…
Afin de «stimuler» les directions récalcitrantes ou frileuses, le gouvernement avait fixé un délai: les entreprises avaient jusqu’au 1er février pour rendre compte de leurs démarches sur la diminution des souffrances au travail.
Les résultats comme moyen d’action
Pour la première fois, le gouvernement a décidé de rendre publique les résultats du rapport conduit par Philippe Nasse, magistrat honoraire et Patrick Légeron, médecin psychiatre. Sur le principe anglo-saxon du «Name and Shame», il a ainsi pris l’opinion à témoin et désigné publiquement les agissements des entreprises dans ce domaine.
Jeudi 18 février 2010, le ministère a donc mis en ligne le rapport sur le site Travailler-mieux.gouv.fr consacré à «la santé et la sécurité au travail», les entreprises y sont classées en fonction de leurs efforts pour la prise en charge du stress.
Le classement
Les entreprises sont réparties en trois catégories
• Les entreprises ‘vertes’
Elles représentent les organisations dans lesquelles des négociations ont été menées et ont abouties à la signature d’un accord de fond ou de méthode. Elles correspondent à 33% des 900 participants. On y trouve PSA, Thales, GDF Suez, Rhodia,Yoplait, Sodexo, Sanoti-Aventis, Banque de France, Areva, Autoroutes du sud de la France, Canon France, Fnac Paris, Hachette Livre...
• Les entreprises ‘oranges’
La majorité des entreprises y est classée, soit plus d’une entreprise sur deux (55%). Il s’agit de celles qui ont engagé une ou plusieurs réunions de négociations mais ne sont pas encore parvenues à la conclusion d’un accord: France Telecom, Décathlon, Sony France, Mars Chocolat, Maaf, MMA en font partie.
• Les entreprises ‘rouges’
Elles correspondent aux 600 entreprises qui n’ont pas répondu à l’appel du ministère du Travail ou qui n’ont entrepris aucune démarche sur le mal être des salariés. Cette catégorie représente 12% des entreprises. Parmi elles, on compte SFR, GSK, Picard Surgelés, Avis, C&A, Ikea France, NC Numericable, Prisma Presse ou encore Labeyrie.
Les responsabilités dénoncées
Au-delà de l’effet d’annonce de ce rapport, il est intéressant de relever l’évolution qu’il propose sur la perception des souffrances au travail. En effet, elles ne sont plus comprises comme relevant de la médecine du travail et donc assimilées à des «maladies» dont serait malheureusement victime l’individu. Les souffrances des salariés sont désormais perçues comme résultant des procédures de management et de la politique RH de l’entreprise.
Des responsables sont donc désignés, des structures sont dénoncées. L’individu cesse de porter la seule responsabilité de sa souffrance et peut reconnaître son bourreau, condition sine qua non à la mise en œuvre du processus de reconstruction.
Que peut-on espérer?
Le rapport remis au ministre ne se limite pas à la désignation des bons et des mauvais élèves. Il décrit le stress, pointe les harcèlements et les violences, parle ergonomie et mesure ces éléments par des données statistiques. Il présente également des mesures, des idées et des moyens pour améliorer les conditions de travail.
Autant d’éléments qui ont amené le Premier ministre, François Fillon, à qualifier le rapport de «remarquable» et à affirmer que «nous ne pouvons plus ignorer le stress au travail qui se manifeste désormais avec plus d'acuité et plus de visibilité.»
Pour autant, il est nécessaire de garder un œil critique sur ces évènements. Jean-Ange Allican, membre de l'Association nationale des Directeurs de Ressources Humaines, estimait d'ailleurs que «les entreprises feront surtout des effets d'annonce pour répondre au ministère. Ensuite, certaines auront des difficultés à mettre en pratique leurs actions, car il faut du temps».
Il faut donc saluer ces mesures et adhérer au mouvement mis en marche, tout en prenant du recul et en restant réaliste. Toutefois, on peut raisonnablement penser que les entreprises seront contraintes, à terme, de modifier leurs pratiques, ne serait-ce qu'au vu des conséquences économiques des mauvaises conditions de travail.