Difficulté de lecture : 3 / 5
Qu’est ce que la psycho-généalogie ?
Pratique intermédiaire entre la psychologie et la généalogie, la psycho-généalogie se définit comme l’étude de l’individu en tant qu’héritier d’une histoire familiale.
L’histoire familiale
Avant même notre naissance, nous sommes le fruit des projections, des attentes et des représentations parentales. Nous entrons dans le monde en tant que membre d’une famille, notre identité se définit par un nom et des prénoms qui témoignent de notre filiation autant que nos caractéristiques physiques.
L’Homme n’est pas un être isolé, avant de devenir ‘quelqu’un’ avec ses propres intérêts, capacités, désirs, motivations, croyances etc… il est d’abord le fils ou la fille de…, le petit fils ou la petite fille de…, il est un être désiré et projeté par la famille.
La psycho-généalogie perçoit donc l’individu comme l’élément d’un maillage familial représenté au travers de l’arbre généalogique. Elle étudie les déterminants conscients et inconscients qui sont transmis au travers de la dynamique familiale et vise à résoudre les mécanismes de projection, d’identification et de répétition.
Des bases systémiques
La psycho-généalogie est l’une des thérapies résultant du courant systémique, lequel fut créé dans la seconde moitié du 20ème siècle par l’école de Palo-Alto. Il se base sur la cybernétique et le fonctionnement des phénomènes auto-régulés et propose un modèle théorique fondé sur les interactions entre les différents acteurs d’un même système.
Il s'agit entre autre d'identifier les systèmes en mutation (d'où le terme systémique) et d'analyser les interactions pour mettre en œuvre un scénario de changement appropriable par les membres du système. Les théories systémiques se sont donc logiquement transposées au champ familial conçu comme un système dynamique.
Les processus d’identification
Ils sont à la base de notre construction identitaire et se forment au travers des représentations que nous portons tout au long de notre vie sur notre entourage : l’image du père et de la mère lorsque nous sommes enfants puis celle de chacun des membres de la famille à l’adolescence.
Chacun, dans son unicité, ses particularités et son histoire de vie, va construire la représentation d’un ‘modèle’ auquel il se comparera : nous nous identifions aux comportements qui nous ressemblent et nous rejetons les autres, formant progressivement les bases de notre propre identité.
Les mécanismes de projection
Avant d’être réel, l’enfant est imaginaire, construit mentalement par les projections des parents : « enfin un garçon qui va assurer la lignée du nom », « une fille que je pousserai à l’école pour qu’elle ne répète pas mes erreurs », ou bien encore « un enfant pour reprendre la succession de l’entreprise familiale » etc…
Chaque parent rejoue plus ou moins consciemment une partie de son histoire au travers de la vie de son enfant, conçu comme ‘un bout de soi’, c'est-à-dire une prolongation de soi. L’enfant construit en effet sa propre histoire, tout en s’inscrivant dans celle des membres de sa famille, l’identité de l’un ne correspondant pas forcément à celle fantasmée par les autres.
Les phénomènes de répétition
La construction du génosociogramme (représentation graphique et codifiée de l’arbre généalogique sur lequel est projeté l’inconscient familial) permet de repérer les évènements répétitifs tels que les maladies, les accidents ou encore les conflits relationnels.
Anne Ancelin Schutzenberg, fondatrice de la psychogénéalogie, aborde la question des mécanismes de répétition en les définissant comme : « une sorte de loyauté invisible qui nous pousse à répéter, que nous le voulions ou pas, que nous le sachions ou pas des situations agréables ou des évènements douloureux » (1).
Ces mécanismes, empreints de l’inconscient familial, s’expriment notamment autour des syndromes d’anniversaire : « Répéter les mêmes faits, les dates ou âges qui ont fait le roman familial est une manière pour nous d'honorer nos ancêtres et de vivre en loyauté avec eux. » Ils peuvent également correspondre à des évitements de comportements. Dans ce cas, l’individu agit ‘au contraire de’, ‘à l’inverse de’, mais sa référence n’en demeure pas moins la même personne ou la même histoire.
(1) A. A. Schutzenberg, Aie mes aïeux : Liens transgénérationnels, secrets de famille, syndrome d’anniversaire, transmission des traumatismes et pratiques du génosociogramme, Desclée de Bowser