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Psychanalyse et génèse de la nation
Les travaux d’Elias concernant les relations de pouvoir et d’interdépendance dans la formalisation des liens sociaux ont permis de valider la théorie psychanalytique des conflits psychiques.
Le paradigme des configurations d’Elias
Elias reprit les recherches des grands prédécesseurs de la sociologie qu’étaient weber et Durkheim et fit évoluer le schéma selon lequel tous les liens sociaux sont fondés sur des relations de pouvoir, s’étendant avec plus ou moins d’influences selon la portée de moyens de communication.
Elias précisa la nature de ces rapports et démontra que si les relations de force constituaient bien la société, elles ne permettaient pas pour autant aux dominants d’être indépendants : les rapports de force créent des relations d’interdépendance entre les acteurs dominants et dominés.
Ces processus ont permis l’émergence de milieux autonomes ayant leurs propres lois et logiques de fonctionnement internes : Elias parle alors de configuration dans lesquelles les acteurs inter-agissent.
Génèse de la nation française
Dés le Moyen-Age, l’acquisition du pouvoir royal suscita des conflits récurrents entre les différents seigneurs mais ce furent les nobles d’Ile de France qui prirent une ascendance décisive en possédant les monopoles militaires et fiscaux. L’argent récolté leur permit de recruter de nouveaux combattants qui étendirent leurs territoires.
Au fur et à mesure de la structuration du domaine royal, des relations particulières se distinguèrent entre ceux qui guerroyaient et ceux qui géraient les ressources : un embryon d’administration était né.
Autour de la source du pouvoir, c'est-à-dire à la cour du roi, des groupes d’individus se formèrent et créèrent une configuration particulière au sein de laquelle les rapports de force prirent la forme de compétition aux faveurs du roi.
Psychanalyse et civilisation
Selon la théorie freudienne, la personnalité se fonde au travers de conflits psychiques permettant notamment le refoulement de ses pulsions. Si Freud s’attacha (dans un premier temps seulement) à décrire ces mécanismes au niveau inconscient, Elias démontra qu’ils étaient également à l’origine de la génèse de la civilisation.
En effet, la configuration particulière de la cour du roi se structurait autour de la compétition de ses acteurs pour obtenir les faveurs du roi. Pour ce faire, chacun était amené à contrôler constamment ses affects, c'est-à-dire à refouler ses émotions : maîtrise du langage, des attitudes mais aussi de leurs opinions et comportements en public, en privé etc…Ces refoulements récurrents conduisirent les membres de cette configuration à intérioriser les comportements contrôlés et réfrénés : il s’agit de la naissance des règles de politesse.
Progressivement, au fil de la structuration du territoire, de nouvelles relations d’interdépendance se créèrent et permirent la transmission dans le temps et dans l’espace, des règles intériorisées. La génèse de la civilisation prit ainsi forme progressivement dans le même temps que l’élargissement des territoires permit de rassembler de plus en plus d’individus sous le même ordre et autour des mêmes valeurs, autrement dit au fur et à mesure que la nation française se formait.