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Principes de la psychothérapie analytique
Basée sur la théorie psychanalytique, la psychothérapie analytique est davantage orientée vers la résolution des symptômes.
Origines
Le développement des psychothérapies analytiques tient certainement à une évolution des pratiques des psychanalystes, de plus en plus souvent amenés à réaliser des thérapies en face à face. Le déplacement de leur champ d’intervention, du secteur privé vers le secteur public, n’est sans doute pas étranger à ce phénomène.
Ainsi l’émergence des psychothérapies analytiques peut se concevoir comme un approfondissement de la méthode de cure psychanalytique freudienne dans une volonté d’adéquation à la pratique de terrain.
Ferenczi et Winnicott ont été à la base de cette évolution en sachant allier leurs pratiques à un effort de théorisation. Ils se sont ainsi inscrits dans le prolongement du fondateur de la psychanalyse puisque Freud ; et on l’oublie parfois ; a continuellement encré sa théorie dans la pratique.
Winnicott et l’aménagement du cadre
L’un des mérites de Winnicott fut de conserver une grande liberté d’action et de réflexion à l’intérieur du cadre psychanalytique afin de toujours rester au plus près de sa pratique. C’est ainsi qu’il fut amené à supprimer le divan et à opter pour une analyse de face à face au cours de la thérapie d’une de ses patientes : Margaret I. Little. Celle-ci témoigne en effet : «…mes problèmes réels étaient liés aux notions d’existence et d’identité : je ne savais pas ce que «moi-même » était, la sexualité (même si on en a conscience) ne pouvait qu’être hors de propos et sans signification aucune tant que l’on n’était pas assuré de sa propre existence, de sa survie et de son identité.» (1986)
Winnicott sut percevoir l’angoisse provoquée par le cadre psychanalytique et notamment la perte des repères visuels engendrée par l’installation du patient sur un divan, le psychanalyste se plaçant dans son dos et rejouant ainsi les enjeux de la présence et de l’absence. Cette configuration suppose en effet une certaine stabilité du ‘je’ ainsi qu’une capacité à distinguer fantasme et réalité.
Angoisses du Moi et symbolisme de la présence
Dans ‘Au-delà du principe de plaisir’, Freud revient largement sur la constitution du Moi en démontrant qu’il est sans cesse traversé par les peurs d’être débordé et de déborder : le Moi se construit en effet autour de processus de délimitation et de frontières entre le moi et le non-moi. L’angoisse occupe alors une fonction de pare-excitation, alertant tout risque de débordement par l’extérieur (au travers de la douleur et du trauma). Les deux angoisses fondamentales du Moi sont donc l’angoisse de la perte, du vide et l’angoisse d’intrusion (être sous influence).
La présence de l’analyste instaurée dans le face à face permet progressivement de restreindre les angoisses du Moi. Au travers du processus transférentiel, l’attitude du thérapeute permet un apaisement. Le Moi se nourrit donc de la présence de l’autre et du contact établi avec celui-ci.
La compréhension mutuelle
La présence de l’analyste face au patient est dite spécifique dans la mesure où elle est adaptée à l’état du patient et donc particulièrement attentive. Ce lien rappelle l’attention particulière portée par la mère à l’enfant.
Cette relation dite de compréhension mutuelle, permet au sujet et au Moi, de redevenir actif dans le sens d’une activité de délimitation et de différenciation. Freud qualifia cette activité ‘le Moi en tant qu’agent’.
L’attention bienveillante portée par le psychanalyste envers son patient recrée ainsi la relation de compréhension mutuelle et permet, au travers des processus transférentiels, la mise en œuvre de la fonction symbolisante maternelle : l’analyste devient symboliquement la mère et occupe, comme elle, une fonction de protection et de réponse aux angoisses et douleurs. Ce lien devient ainsi une ‘voie de décharge’ des tensions (selon les propres termes de Freud) et acquiert une fonction secondaire d’une importance capitale.