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Pour améliorer les conditions de travail
Sur le principe anglo-saxon du "Name and Shame", le gouvernement a décidé, pour la première fois en France, de prendre l’opinion à témoin en désignant publiquement les agissements des entreprises en matière de prévention et de gestion du stress.
Le résultat fut un classement des entreprises de plus de 1000 salariés en trois catégories : verte (entreprises ayant conclu des accords sur ce thème), orange (celles ayant entrepris des démarches sans parvenir à la signature d’un accord) et rouge (celles n’ayant rien entrepris ou ayant refusé de participer à l’étude).
Mais le rapport de Philippe Nasse, magistrat honoraire, et Patrick Légeron, médecin psychiatre, est très loin de se limiter à ce simple constat.
Rappel des principaux facteurs de stress
• Surcharge de travail;
• Insuffisante marge de manoeuvre pour faire face à la demande;
• Pression sur des objectifs quantitatifs et/ou qualitatifs;
• Manque de soutien du management ou des collègues;
• Insuffisante reconnaissance du travail;
• Définition des tâches imprécise diluant les responsabilités;
• Mauvaise gestion du temps;
• Insuffisance de gestion des conflits et de l’agressivité;
• Réactivité affective des manageurs;
• Manque de formation;
• Absence d’espaces de dialogue au sein de l’entreprise et de procédures de médiation pour intervenir précocement lors de situations difficiles;
• Absence de traitement, de réhabilitation et de processus de retour au travail des individus qui souffrent ou ont souffert de problèmes de stress ou de santé mentale au travail.
L’analyse des différentes organisations du travail pathogènes a conduit les auteurs du rapport à formuler plusieurs propositions pour améliorer la situation des salariés dans les entreprises.
Créer un indicateur global
Les auteurs recommandent la construction d’un indicateur majeur d’observation des risques psychosociaux dans notre pays afin que l’Etat se saisisse de ces problématiques.
Cet indicateur doit s’inscrire dans une démarche d’harmonisation des pratiques de prises en charge du mal-être au travail telles qu’elles se dessinent au niveau européen. En effet, un groupe de travail soutenu par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Bureau international du travail (BIT), l’Agence européenne de sécurité et de santé au travail, et par les partenaires sociaux européens, a récemment été créé et inclut la grande majorité des pays de l’Union européenne (la France n’y participant pas…).
Pour être efficace, ce questionnaire devra, d’une part, mesurer la santé mentale et le mal-être professionnel, les caractéristiques des salariés, et d’autre part, cerner l’exposition aux risques psychosociaux. Pour être représentative, l’enquête devra être périodique et porter sur un échantillon assez important pour prendre en compte tous les secteurs professionnels, tous les types d’établissement et enfin l’ensemble des catégories socio-professionnelles.
Enfin, ils proposent de rendre ce questionnaire obligatoire mais qu'il soit auto-administré de façon à éviter toute utilisation des données par l’employeur.
Construire des expériences pilotes dans la fonction publique
Actuellement, l’Etat emploie plus d’un quart de la population active dans les entreprises publiques et les trois fonctions publiques. Les fonctionnaires et autres salariés connaissent eux aussi des difficultés relevant des risques psychosociaux.
L’Etat se doit donc de montrer l’exemple en développant des actions visant à diminuer les souffrances au travail, notamment dans les organisations soulignées par l’observatoire décrit dans la proposition précédente.
Améliorer la prise en charge
Bien qu’une étude doive être réalisée au préalable sur l'importance du coût économique, il est évident que les entreprises seraient davantage enclines à investir dans la prévention si elles devaient supporter les coûts de la prise en charge des salariés en souffrance.
En effet, il est clair que l’organisation de l’entreprise est à l’origine des symptômes des salariés, tout comme c’est le cas pour les accidents du travail. Les auteurs recommandent donc de réfléchir à la question d’une prise en charge des malades du travail par la branche accident du travail et maladie professionnelle.
Revoir la prévention des accidents et des maladies professionnelles
La santé de l’individu reposant sur un bien être physique associé au bien être moral, on peut définir les pathologies comme différentes souffrances physiques et/ou morales.
Au travers de ce rapport, c’est la question des souffrances morales au travail qui est étudiée, mais il existe aussi des souffrances physiques au travail, qui sont reconnues comme accident de travail ou maladies professionnelles. A ce jour, beaucoup de ces dernières sont prises en charge et reconnues mais l’incitation à la prévention doit être renforcée.
Analyser les suicides au travail
La France est l’un des pays industrialisés le plus touché par les suicides au travail. Pourtant, il n’y existe pas de mesure fiable de ces tristes évènements, si bien qu’il est aujourd’hui impossible de se rendre compte de l’ampleur du phénomène.
Les auteurs préconisent notamment l’utilisation de "l’autopsie psychologique" déjà pratiquée par certains pays européens. Son objectif est de recueillir toutes les informations susceptibles d’aider à la compréhension des circonstances du suicide. Les données incluent les détails du décès, l'analyse de l’entourage familial, du contexte social, du parcours de vie, des conditions de travail, des antécédents médicaux, des évènements de vie négatifs; etc.