Mode ZEN
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Passe-moi les menottes et autres jeux sexuels
Sur le mode de la confession, les médias voudraient nous faire "avouer" tous nos fantasmes. Si ceux-ci s'entourent de tabous, ils sont pour la plupart, courants et bien partagés. Parmi tous, ceux qui concernent nos désirs de soumission ou de domination sont mis en avant. Probablement parce qu’ils subvertissent l’idéal de nos sociétés, fondées sur une implacable hiérarchie. Mais à quoi donc peuvent-ils nous servir si nous avons tant de mal à les accepter, à les formuler à nos partenaires ?
Les fantasmes sexuels
Tout acte sexuel vient questionner nos imaginaires et le rôle que nous aimerions tenir auprès de l’autre. Celui-là sera ravi d’y occuper la place de l’amant viril et surpuissant et, telle autre appréciera de s’y rêver en femme fatale devant laquelle les hommes (et/ou les femmes) sont emplis de désirs. Nos fantasmes ont à voir avec l’idéal que nous nous fixons. Ainsi, les postures psychiques prises dans l’acte sexuel emplissent la fonction de réaliser ceux qui nous habitent et de faire exister des pans entiers de notre personnalité.
La soumission/domination
Toute relation est fondée sur la dualité dominant/dominé. Les animaux nous le prouvent car toute leur organisation sociale repose sur l’existence de cette articulation (loups, chevaux, singes, …). Ils nous apprennent aussi que rares sont les structures durables. Ainsi, un dominant peut devenir dominé et vice versa. L’homme accélère encore ces changements de places. La psychanalyse nous enseigne, elle, que l’une et l’autre de ces places sont des réponses à un questionnement similaire et sont conjoncturelles et fluctuantes. Elles correspondent à une modalité relationnelle et dépendent d’un instant précis et d’un partenaire particulier.
Echangeons les places ?
Les fantasmes et leur réalisation sont importants pour notre équilibre car ils nous permettent d’expérimenter la palette de nos désirs inconscients. Ainsi, si la plupart du temps nous avons une idée vite définie des rôles que chacun devrait tenir dans l’acte sexuel, ils remettent en cause cette routine du désir. Longtemps par exemple, la sexualité s’est construite sur un modèle qui place l’homme comme dominant. Si celui-ci se fait passer des menottes ou attacher par sa(son) partenaire, il remet en cause les codes sociaux et peut en tirer un intense plaisir. En effet, cette réalisation vient lui faire goûter les plaisirs et désir qu’il prête normalement à l’autre.
Confiance et expérimentation
Ces jeux sexuels en réinventant notre sexualité la font sortir du carcan des habitudes et des règles qui la régissent. Ils réclament du dialogue et de la confiance entre les partenaires. En effet, comment sortir des limites habituelles (norme) de notre sexualité sans se sentir en sécurité ? Partager ces jeux avec ses partenaires devient un élément de réalisation de sa sexualité ainsi qu'une des voies de la découverte de sa personnalité et des désirs qui la structurent.
Nos jeux sexuels nous autorisent à nous frotter à l’interdit, au tabou et à la transgression. C’est dans ce dépassement des limites qu’ils puisent leur capacité à augmenter notre désir et notre plaisir. Se passer les menottes, en nous donnant l’impression de pouvoir complètement nous déposséder de nous-mêmes apparaît comme un idéal de lâcher prise et de don de soi. En renouvelant notre rapport à l’autre, ces jeux érotiques replacent la sexualité dans la sphère de l’imaginaire où elle remplit ses fonctions premières : réalisation de nos désirs inconscients et échappatoire plaisant de nos vies corsetées (travail, hiérarchie, …).
Nos jeux sexuels nous autorisent à nous frotter à l’interdit, au tabou et à la transgression. C’est dans ce dépassement des limites qu’ils puisent leur capacité à augmenter notre désir et notre plaisir. Se passer les menottes, en nous donnant l’impression de pouvoir complètement nous déposséder de nous-mêmes apparaît comme un idéal de lâcher prise et de don de soi. En renouvelant notre rapport à l’autre, ces jeux érotiques replacent la sexualité dans la sphère de l’imaginaire où elle remplit ses fonctions premières : réalisation de nos désirs inconscients et échappatoire plaisant de nos vies corsetées (travail, hiérarchie, …).