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Partage des tâches ménagères : le mythe de l'égalité
Quarante ans après les débuts de la militance féministe, les statistiques sont formelles, les tâches dévolues à chaque sexe différent. Comment ces différences se maintiennent-elles ? Pourquoi ?
Des rôles millénaires
Alors que beaucoup se prononcent en faveur de l'égalité entre les genres, bien peu sont réellement enclins à accepter la dissolution de leurs privilèges séculaires. Depuis les origines de l'humanité, les sociétés se sont structurées autour de la domination des femmes. L'anthropologie (Godelier, Levi-Strauss) a démontré que toute structure sociale reposait sur la circulation et l'échange des femmes. Posséder les femmes est un signe de puissance. Des guerres antiques (l'enlèvement des Sabines) jusqu'aux plus récents génocides (Rwanda, ex-Yougoslavie, …) les femmes ont toujours été des trésors de guerre. Que ce soit par l'enlèvement, le mariage forcé ou le viol, elles sont considérées comme des objets. Beaucoup s'insurgent mais de barbarie en barbarie, rien ne change depuis les débuts de l'histoire humaine. Si cette domination est moins visible en dehors des périodes d'affrontement, elle n'en reste pas moins agissante.
Inégalités, entre biologie et mythologie
De fait l'inégalité entre les sexes est une réalité. Au point de vue reproductif, les physiologies féminines et masculines sont très dissemblables. Si un homme est en capacité de faire un enfant chaque jour, la temporalité des femmes ne le leur permet pas. C'est ce raisonnement qui a envoyé les hommes à la guerre pendant des siècles. S'ils mourraient, leur perte était de moins grande importance quant à la natalité à venir. Il resterait toujours suffisamment d'hommes pour concevoir. En contrepartie, les femmes sont celles qui assurent le prolongement de la vie, de la lignée et plus loin de l'espèce.
Elles détiennent donc, symboliquement, un pouvoir immense. La femme est la mère de l'Homme. Dans la domination masculine, il s'agit de dompter cette maternité. Le bébé vient au monde par l'entremise de sa mère. Sur ces poncifs, de nombreuses théories machistes se sont montées : existence d'un instinct maternel, d'une prédominance de la maternité sur la féminité... Les rôles se sont alors fixés durablement : les femmes avec les enfants, c'est-à-dire tournées vers l'intérieur et les hommes chasseurs orientés vers le monde à conquérir.
Elles détiennent donc, symboliquement, un pouvoir immense. La femme est la mère de l'Homme. Dans la domination masculine, il s'agit de dompter cette maternité. Le bébé vient au monde par l'entremise de sa mère. Sur ces poncifs, de nombreuses théories machistes se sont montées : existence d'un instinct maternel, d'une prédominance de la maternité sur la féminité... Les rôles se sont alors fixés durablement : les femmes avec les enfants, c'est-à-dire tournées vers l'intérieur et les hommes chasseurs orientés vers le monde à conquérir.
Les rôles et le psychisme
La psychanalyse nous enseigne que les hommes sont psychiquement menacés par la castration. L'inconscient ignore le temps. La crainte de la castration qui structure nombre de leurs comportements est ainsi la résurgence de leurs inconscients de petits garçons découvrant la différence des sexes. Dès lors, tout acte décrit comme féminin leur fait courir le risque de voir se réaliser leur pire cauchemar. Or, les médias et la publicité continuent de présenter la femme comme mère nourricière, dévolue à l'enfant, à la maison voire à "son" homme. Même quand les publicitaires détournent ces clichés, la société maintient coûte que coûte ces représentations (par exemple, M. Propre, devenu un stéréotype homosexuel, c'est-à-dire moins que mâle).
Une structure à la peau dure
Cette structuration de la société est si primitive et archaïque que rien ne semble parvenir à la transformer. Conscients que les esprits évoluent moins vite que les désirs et les revendications, le législateur a instauré la parité. Pour autant, cette loi ne fait que démontrer que le dialogue entre les genres est rompu. Dans la vie quotidienne, les femmes continuent de se confronter à ces archétypes. Ainsi, elles sont moins rémunérées à service égale que les hommes puisqu'elles ont ou auront des enfants et perdront ainsi des années de carrière et de la disponibilité (rentabilité). En réalité, elles percutent le fait que les hommes les pensent toujours comme des mères, uniquement des mères. A la maison, elles assument encore la grande majorité des tâches concourant au maintien du foyer (ainsi que les vestales de la Rome antique).
La civilisation
Mais à l'heure où les techniques et le savoir sur la procréation entament une profonde évolution, combien de temps dureront encore ces représentations primitives ? Une grande part du "choc des cultures" actuel se fonde sur la féminité et la place des femmes dans la société (voile, excision, …). En occident, la pensée réfère au rebattu déclin des pères tandis qu'ailleurs dans le monde, les femmes sont contraintes de se mettre sous clés et de devenir invisibles.
La psychanalyse de Freud, de Lacan ensuite et la psychologie analytique de Jung ont pourtant ouvert une brèche dans cette stricte séparation du féminin et du masculin. Elles nous poussent à regarder, à assumer puis à construire à partir de leur alliance au cœur du sujet. Ainsi, l'avenir du genre humain se tient-il peut-être dans une bisexualité (égale répartition des tendances masculines et féminines) assumée et une juste répartition des tâches. Les androgynes grecs n'étaient-ils pas l'avènement d'une race supérieure aux dieux et punis d'avoir montré trop tôt l'avènement d'une civilisation de l'équilibre où dialoguent le féminin et le masculin dans l'harmonie et l'égalité ?
La psychanalyse de Freud, de Lacan ensuite et la psychologie analytique de Jung ont pourtant ouvert une brèche dans cette stricte séparation du féminin et du masculin. Elles nous poussent à regarder, à assumer puis à construire à partir de leur alliance au cœur du sujet. Ainsi, l'avenir du genre humain se tient-il peut-être dans une bisexualité (égale répartition des tendances masculines et féminines) assumée et une juste répartition des tâches. Les androgynes grecs n'étaient-ils pas l'avènement d'une race supérieure aux dieux et punis d'avoir montré trop tôt l'avènement d'une civilisation de l'équilibre où dialoguent le féminin et le masculin dans l'harmonie et l'égalité ?