Origines maghrébines et place dans la société
L’histoire très particulière qu’entretient la France avec ses différentes composantes maghrébines explique pour beaucoup les importantes difficultés qui persistent dans leur intégration au sein de la société française…
Déracinement culturel
Le déracinement social et culturel est nécessairement quelque chose de lourd à penser et à vivre. En effet, il convient d’adopter des rythmes de vie, attitudes ou valeurs qui sont parfois très différentes de celles qui ont forgé l’histoire personnelle, familiale, régionale et nationale. Pour le cas des nombreux maghrébins qui sont venus travailler et s’installer en France (durant les années 60 en particulier), la rupture avec la culture d’origine a souvent été extrêmement douloureuse et complexe à réaliser. Pouvant être considérés comme « déserteurs » de leur pays d’origine, beaucoup ont dû rompre avec leurs racines ou subir de tensions fortes, de la culpabilité. En parallèle de ces difficultés, ces populations ont dû faire face, hier comme aujourd’hui, à de nombreuses entraves à leur pleine intégration au sein de la société française…
Les chiffres de l’exclusion
Dans bien des domaines de notre société, de profondes inégalités perdurent pour les générations de français d’origines maghrébines (nés en France, naturalisés…). L’accès à l’emploi, par exemple, traduit d’inexplicables différences entre le niveau de chômage des français de couleur blanche et aux noms de famille à consonance française et ceux dont la couleur de peau est plus mâte et dont les prénoms et noms de famille sont d’origine maghrébine. Selon l’observatoire des inégalités (1), le taux de chômage de ces derniers reste 3,5 à 4 fois supérieur à celui des français « de souche ». On observe également de fortes discriminations dans l’accès au logement avec des taux de refus 3 à 5 fois supérieurs pour les populations d’origines maghrébines (2)…
Racisme quotidien et origines de la xénophobie
Les chiffres sur la discrimination, aussi choquant qu’ils puissent paraitre, semblent néanmoins qu’une des expressions du racisme latent encore à l’œuvre en France. Toute la dimension « non dite » et partiellement inconsciente, inchiffrable par définition, abonde souvent dans un seul et même sens… Des petites phrases ironiques aux réflexions plus explicites sur les « arabes » (« fainéants », « malhonnêtes », « voleurs »…), le racisme du quotidien parle du conditionnement français sur ses ex colonies du Nord Afrique. L’inconscient collectif, en France, est dépositaire d’un sentiment de supériorité des français, entretenu pendant plusieurs centaines d’années sur ces populations dites « indigènes ». De fait, il a longtemps subsisté, sans que cela soit toujours exprimé, la certitude d’une race supérieure (blanche et française d’origine) à celles de pays considérés comme « sauvages », « peu évolués » et régulièrement associés au monde animal plus qu’à celui des « humains civilisés ».
Des évolutions récentes et bienvenues
Depuis les graves incidents survenus dans les banlieues françaises en 2005, on observe que de nouveaux débats ont vu le jour, parfois contre toute attente. Des questions coloniales à la place actuellement réservée aux populations d’origines maghrébines, la parole semble se délier et permettre d’envisager l’écriture d’une nouvelle page de notre histoire commune. De la même façon, on constate que la représentation des minorités, en particulier dans les médias (émissions TV, publicités…), évolue ces dernières années et permet, enfin, l’expression et la visibilité de ces catégories de français trop longtemps oubliés et stigmatisés…
(1) : Observatoire des inégalités - www.inegalites.fr
(2) La HALDE - www.halde.fr