Mode ZEN
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Mon adolescent ment en permanence
A toutes les époques de son développement, l'homme est amené à réinterpréter la réalité. Ainsi au gré de ses contraintes intérieures, chacun prend des largesses avec la vérité : tous, nous sommes des menteurs en puissance. C'est lors de l'enfance et l'adolescence que, confondant réalité et fantasmes, nous sommes le plus enclins à repeindre le monde selon notre désir. Si ce fonctionnement est normal, il est vite douloureux pour les parents et peut leur faire perdre toute confiance en leur jeune qui pourtant la réclame.
L'intérêt du mensonge
Le mensonge n'est pas pathologique en soi. La plupart du temps, il est conjoncturel et permet au sujet qui en use de modifier la temporalité des pressions qui s'exercent sur lui. Il prend de la distance avec la réalité afin de pouvoir s'y adapter. Il est aussi amené à mentir pour s'éviter une sanction, fut-elle l'œuvre de son monde interne (angoisse/déni).
C'est en premier lieu vis-à-vis de nous-mêmes que nous sommes les moins honnêtes. Entre ce que nous savons être et ce que nous réalisons au quotidien, il existe un hiatus considérable. La transparence n'est pas dans notre nature. Le fond de notre personnalité étant inconscient, il est appelé à rester voilé. Ainsi, notre "être au monde" présenté n'est que rarement en phase avec nos motivations inconscientes. Nous en prenons conscience quand nous sommes éclairés subitement par leur émergence : lapsus, acte manqué, … Dans ces instants, nous sommes en contact avec notre vérité. Or c'est alors que nous ressentons un profond malaise : en réalité, nos vérités inconscientes ne sont que rarement socialement dicibles. Elles ne sont donc présentes que modifiées.
C'est en premier lieu vis-à-vis de nous-mêmes que nous sommes les moins honnêtes. Entre ce que nous savons être et ce que nous réalisons au quotidien, il existe un hiatus considérable. La transparence n'est pas dans notre nature. Le fond de notre personnalité étant inconscient, il est appelé à rester voilé. Ainsi, notre "être au monde" présenté n'est que rarement en phase avec nos motivations inconscientes. Nous en prenons conscience quand nous sommes éclairés subitement par leur émergence : lapsus, acte manqué, … Dans ces instants, nous sommes en contact avec notre vérité. Or c'est alors que nous ressentons un profond malaise : en réalité, nos vérités inconscientes ne sont que rarement socialement dicibles. Elles ne sont donc présentes que modifiées.
Les faux-fuyants adolescents
L'adolescent est tiraillé par ses désirs. Le plus souvent, il n'est pas encore en mesure de les assumer et de les soutenir notamment face aux adultes qui l'entourent. En conséquence, il les dissimule voire les modifie afin de les rendre tels qu'il pense que les autres les accepteront. Il trafique sa réalité intérieure pour la conformer aux exigences de son environnement. Toutefois comme ses désirs ne sont pas épuisés par leur dissimulation, il demeure pressé de les réaliser. Il ressent alors une profonde tension. Entre ses envies et les interdits qu'il rencontre ou qu'il construit, il est obligé de composer. Il est alors en situation de toujours retoucher l'histoire réelle. Ce n'est pas parce qu'il affirme quelque chose qu'il ne s'adonne pas sitôt venu à son exact contraire. Il nous donne alors l'impression de ne pas être digne de confiance.
Le sens de ses mensonges
Pourtant, lorsque l'adolescent ment, il ne le fait souvent que pour assouvir certains de ses désirs qui n'ont pas encore trouvé à se frayer de passage. Il le fait avec la plus absolue sincérité. En effet, sa capacité à séparer le réel de ses envies est précaire. Chez lui, la pulsion est difficile à maîtriser. Lorsqu'il rend floue les frontières de la vérité, il crée en fait un espace dans lequel il va pouvoir s'exprimer. Il refuse les limites et frustrations posées par le quotidien et s'invente une histoire à laquelle il croit car elle lui permet de se réaliser.
Ainsi, ses vies imaginaires et ses imprécisions constituent un monde dans lequel il prend le contrôle de son existence. Il expérimente ses compétences à dérouler des récits, fussent-ils peu crédibles. C'est ainsi qu'il apprend à devenir adulte, c'est-à-dire à arbitrer entre le réel et son désir. En effet, dans ses mensonges, il peut occuper une place qu'il n'est pas autrement en mesure de tenir. En mentant aux adultes notamment ses parents, il se donne l'impression de sortir de leur emprise et du contrôle qu'ils exercent sur son quotidien. C'est probablement d'ailleurs une des raisons qui rendent les adolescents si friands de sitcoms (aux scénarios improbables) et de jeux vidéo (aux héros mensongers). Le mensonge est à lire comme un espace qu'il crée pour trouver le chemin qui l'insèrera dans la réalité tout en lui permettant de sauvegarder ses désirs fondamentaux.
Ainsi, ses vies imaginaires et ses imprécisions constituent un monde dans lequel il prend le contrôle de son existence. Il expérimente ses compétences à dérouler des récits, fussent-ils peu crédibles. C'est ainsi qu'il apprend à devenir adulte, c'est-à-dire à arbitrer entre le réel et son désir. En effet, dans ses mensonges, il peut occuper une place qu'il n'est pas autrement en mesure de tenir. En mentant aux adultes notamment ses parents, il se donne l'impression de sortir de leur emprise et du contrôle qu'ils exercent sur son quotidien. C'est probablement d'ailleurs une des raisons qui rendent les adolescents si friands de sitcoms (aux scénarios improbables) et de jeux vidéo (aux héros mensongers). Le mensonge est à lire comme un espace qu'il crée pour trouver le chemin qui l'insèrera dans la réalité tout en lui permettant de sauvegarder ses désirs fondamentaux.
Entendre le mensonge
Souvent les mensonges de l'adolescent concernent des domaines spécifiques, notamment l'espace de sa vie relationnelle et sexuelle. Ils proviennent de ce qu'il essaie de protéger un espace intime dans lequel il pourrait se sentir en danger. Tout ce qui participe de son inscription dans l'âge adulte et dans la sexualité est frappé du sceau du tabou et de l'angoisse (cigarettes, alcool, fréquentations,…). S'il essaye de les dissimuler, c'est qu'il ne les assume pas encore. Il construit un discours qui pourrait être cru ou qu'il croit crédible afin de tromper (duper) l'adulte qui lui fait face.
Lorsque nous prenons conscience du mensonge de notre adolescent, loin de tenter de le démonter, il vaut mieux essayer de comprendre quelle demande de liberté il exprime. Il révèle un mécanisme d'émancipation qu'il convient d'accompagner. Pour autant, il ne s'agit pas de prendre une part active dans la version du réel qu'il propose. Informer son jeune que l'on n'est pas dupe sans pour autant le sanctionner de ses imprécisions l'obligera à s'engager dans ce qu'il dit, c'est-à-dire à s'assumer. Puis, il est important de se rappeler qu'afin d'obtenir une certaine liberté, nous l'avons en général précédé dans le remaniement imposé à la vérité. Lui donner un peu d'espace et de flexibilité est alors une manière efficace de faire qu'il se constitue un lieu psychique fondamental face à la crise qu'il traverse : un havre livré à l'imaginaire propice à une certaine sérénité et à une meilleure prise en compte de la réalité, aussi frustrante soit-elle.
Lorsque nous prenons conscience du mensonge de notre adolescent, loin de tenter de le démonter, il vaut mieux essayer de comprendre quelle demande de liberté il exprime. Il révèle un mécanisme d'émancipation qu'il convient d'accompagner. Pour autant, il ne s'agit pas de prendre une part active dans la version du réel qu'il propose. Informer son jeune que l'on n'est pas dupe sans pour autant le sanctionner de ses imprécisions l'obligera à s'engager dans ce qu'il dit, c'est-à-dire à s'assumer. Puis, il est important de se rappeler qu'afin d'obtenir une certaine liberté, nous l'avons en général précédé dans le remaniement imposé à la vérité. Lui donner un peu d'espace et de flexibilité est alors une manière efficace de faire qu'il se constitue un lieu psychique fondamental face à la crise qu'il traverse : un havre livré à l'imaginaire propice à une certaine sérénité et à une meilleure prise en compte de la réalité, aussi frustrante soit-elle.