Mincir à tout prix?
Il est loin le temps où les baigneuses de Rüben et autres beautés féminines aux formes généreuses représentaient une image idéale, un modèle pour toute femme. Aujourd'hui, à quelques exceptions près, la minceur s'affiche de façon omniprésente, se positionnant ainsi comme un critère vers lequel tendre.
L'image du corps
Selon la récente étude NutriNet-Santé (1), 63% des femmes et 30% des hommes de poids normal souhaiteraient maigrir et, en général, 70% des femmes et 55% des hommes voudraient maigrir. Dans les médias, la minceur, alliée à la tonicité et au glamour, est tant véhiculée qu'elle représente l'emblème d'une certaine réussite sociale à laquelle chacun aspire. Elle s'impose à nos consciences, bien malgré nous, et devient une valeur sociale à laquelle il devient difficile d'échapper tant son matraquage est constant.
Le décryptage des enjeux
La valorisation de la minceur ne s'est accompagnée d'aucun discours permettant une compréhension des enjeux. Face au désarroi, en particulier des jeunes femmes, qui cherchent à ressembler à cette image filiforme qu'on leur présente sans cesse, des voix s'élèvent pour dénoncer les risques que cette quête fait peser sur la santé physique et psychologique des intéressées (dans les cas notamment d'anorexie et de boulimie). L'alimentation se situe à la frontière de mondes où le besoin et le plaisir se juxtaposent et se chevauchent. Elle véhicule une charge émotionnelle réelle et met en jeu notre construction personnelle, nos peurs, nos blocages, notre relation aux autres, à nous-mêmes et à notre corps.
Choisir sa voie
L'envie de maigrir n'a rien d'illégitime par elle-même, mais il est important de chercher à en décoder la motivation originelle, certainement complexe, pour pouvoir y répondre de façon réaliste. Faisons-nous face à un besoin objectif ou à un désir subjectif? Quelle est l'origine de ce désir? Est-ce que la minceur après laquelle nous courons est vraiment en mesure de nous apporter ce que nous recherchons? Est-ce qu'une image de soi valorisée ne se construit-elle pas davantage sur une façon de vivre que nous choisissons, en accord avec nos valeurs, et qui nous permet de vivre sereinement et avec enthousiasme? Peut-être n'est-il pas inintéressant de se rappeler les propos de Victor Hugo: "Ce n'est pas la chair qui est réel, c'est l'âme."
(1) Étude du 10 février 2010, financée par le Ministère de la Santé et des Sports, l'INSERM, l'INRA, le Cnam et la Fondation pour la Recherche Médicale.