Mensonge pathologique dans le couple

Nous souhaitons tous renvoyer une impression positive à nos partenaires. Nous désirons séduire, étymologiquement conduire vers nous, et rendre nos prétendants captifs de notre image. Parfois, la confiance en soi fait défaut et nous procédons à des retouches quant à notre personnalité, nos qualités et nos défauts.
 

La séduction flirte avec le mensonge. Elle procède d'un travestissement de la réalité dont l'importance est proportionnée à l'enjeu de la situation. A l'adolescence, les apprentis amoureux modifient leur personne pour satisfaire une demande souvent imaginaire. Telle fille changera de couleur de cheveux ou tel garçon de comportement pour répondre aux attentes supposées de celui ou celle qui occupe leur pensée. Classiquement, en acquérant de l'expérience, l' écart entre ce que nous sommes et ce que nous pensons devoir être pour être aimé s'amenuise.
 

Toutefois, nous ne sommes pas tous égaux devant cette problématique. Certaines personnes maintiennent la croyance qu'elles doivent être parfaites, idéales pour être appréciées. Ce fonctionnement est à mettre en lien avec leurs relations primitives notamment parentales. Un amour parental dont l'expression est conditionnée à une attitude de l'enfant conduit celui-ci à imaginer incessamment que son droit à l'amour est en jeu. Son attitude vise alors à susciter un attachement ou une démonstration d'attention, parfois aux dépens de son authenticité et de son individualité. Il intègre que mentir, c'est-à-dire voiler qui il est, lui permet d'être aimé. A contrario, il se convainc aussi que sa vérité n'est pas aimable. C'est ainsi qu'il entre dans la fausseté et le mensonge.
 

Dans le couple, les thématiques concernées par le mensonge ne sont pas les mêmes pour les hommes ou les femmes. Toutefois, elles sont électivement liées aux rôles traditionnels dévolus aux deux sexes. Ainsi les hommes sont enclins à arranger leur réalité sociale (statut, fonction, finances, pouvoir) tandis que les femmes modifient plus leurs dimensions d'amantes, de femmes d'intérieur, ou de mères.

En effet, la difficulté qui fonde le recours aux mensonges est toujours en lien avec l'idéal. Or l'idéal est une construction qui repose sur les prescriptions sociales supposées. En premier lieux, celles qui ont trait au genre sont prépondérantes. La femme doit être désirable, virginale, bonne mère, femme d'intérieur irréprochable quand l'homme doit être viril, puissant, fortuné, bien installé.
 

Etre dévoilé est la principale angoisse de celui ou celle qui s'est installé dans une histoire construite autour d'imprécisions. Plus le temps passe plus ces mensonges façonnent la relation et enferment leur auteur. En effet, progressivement, ils entérinent l'idée que c'est l'être idéal, fut-il irréel, qui est aimé. Si la vérité est mise au jour, c'est la perte d'amour qui est encourue. Renoncer à cet idéal est une blessure narcissique à laquelle s'ajoute alors l'effroi du retrait d'amour. Dans les cas les plus extrêmes, ces situations ne peuvent se résoudre que dans une annulation de la relation (divorce, disparition). Parfois, c'est la suppression du menteur ou du partenaire devenu témoin et accréditeur involontaire de la supercherie qui clôture une situation devenue insoutenable.