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Maltraitances générationnelles : rompre avec la répétition
Une étude de l'INSERM (1998) affirme que près de 4% des enfants de 0 à 19 ans sont ou ont été victimes de négligences graves ou de maltraitance. Quel devenir parent cette maltraitance façonne-t-elle ? Les violences dont ces enfants sont victimes se répètent-elles inlassablement ? Si oui, comment en sortir ?
Les enfants et la maltraitance
Enfant vient du latin "infans" et signifie celui qui ne parle pas. En conséquence celui qui ne peut témoigner. Pour accéder au monde, l'enfant a besoin d'un médiateur : le parent. Si celui-ci fait défaut, il n'aura pas les éléments pour réussir son inscription dans la société, parfois dans la vie. Quand il est maltraité par sa famille, il doit grandir dans un environnement qui s'oppose à son développement psychique. Il construit son rapport au monde et à l'affect dans un système renversé. En effet, même maltraité, un enfant aime ses parents parce qu'ils lui sont nécessaires et ce même s'ils sont carenciels. Il associe profondément affection et violence. Parfois, certains de ces enfants sont dans la recherche inconsciente de violence tant celle-ci équivaut à l'amour. La littérature et les médias ont appelé syndrome de Stockholm cet état d'affection pour son bourreau.
La répétition
Leur être se construit sur cette maltraitance. Lorsqu'ils deviennent parents à leur tour, ils vont chercher des images parentales auxquelles ils peuvent s'identifier. Mais leur environnement parfois tellement carencé ne leur permet pas toujours de trouver ses supports identificatoires sains. La violence est le seul mode relationnel qu'ils ont intégré. Coincés dans cette dynamique identificatoire, la répétition des violences dont ils ont été victimes peut s'installer. Ils sont alors pris dans les schémas inconscients qui les ont structurés.
La résilience
Mais ce n'est pas inéluctable. Les enfants disposent d'une capacité extraordinaire : la résistance psychique ou résilience. Jean-Paul Sartre l'avait déjà mise en lumière lorsque déniant la fatalité, il écrivait : "On peut toujours faire quelque chose de ce qu'on a fait de nous.". Il serait dangereux de reproduire l'idée fausse d'une l'inexorable répétition des souffrances. Ce faisant nous dénierions les compétences intrinsèques de l'enfant et de l'humain en général. Chaque être a la possibilité de réinterpréter librement ce qui lui a été transmis.
Voir et soutenir
L'important dans la maltraitance (a fortiori sur les enfants) est de la dépister et d'accompagner la victime. Elle a besoin d'un regard extérieur bienveillant qui lui permette de se dégager de la négation que les violences lui infligent. Toute personne victime a d'abord besoin d'être crue. La crédibilité que nous lui accordons est un point de départ pour elle. Elle fonde sa certitude qu'elle n'est pas responsable et par la suite qu'elle n'est pas limitée à la maltraitance qui l'atteint. Elle sait alors que d'autres modes relationnels existent et qu'elle peut sortir de la spirale dans laquelle ses tortionnaires l'avaient enfermée. De plus, pour l'enfant, l'existence d'une bienveillance extérieure entrera à terme dans sa construction d'adulte puis de parents. Elle deviendra une image parentale positive et sera le meilleur rempart contre une éventuelle répétition de la maltraitance.