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Maladie grave et désir d'enfant
Les progrès de la médecine offrent de plus en plus de possibilités d’un retour à une vie quasi normale avec ou après une pathologie somatique grave, autrefois synonyme de fin de nos projets de parentalité. Ainsi, les cancers (1), le VIH(2), ou la sclérose en plaque(3) ne conduisent plus nécessairement au renoncement des désirs d'enfants.
Maladie somatique et désir d'enfants, le triomphe de la vie
La survenue d’une maladie grave au pronostic incertain nous confronte, à nos représentations refoulées de la mort. S’en suivent, un état dépressif et une anxiété majeure, expressions actuelles d'un conflit inconscient entre pulsions de vie et pulsions de mort. Dans le cas de femmes en âge de procréer, cette survenue actualise très régulièrement la question de la maternité, entendue comme le "pouvoir du corps de faire triompher la vie sur la mort". Ainsi, nombre de femmes apprenant leur maladie (passivation liée à l'annonce traumatique) s'engagent dans le processus actif de vouloir "donner la vie".
Un désir à s'autoriser
Certaines situations, très particulières, sont de réelles contre-indications pour la mère ou pour l'enfant à l'engagement et/ou la poursuite d'une grossesse. Toutefois, dans la majorité des situations après en avoir discuté avec une équipe médicale pluridisciplinaire, elle est possible. Elle peut même concourir à la restauration de la qualité de vie qui renforce les chances de stabilisation ou de rémission. La grossesse, investie comme projet, permet de s'approprier l'avenir par la pensée et donne un espace de déploiement à celui-ci.
La dyade mère/bébé à l'épreuve de la maladie
En 1929, Freud s'interrogeait sur laquelle de la pulsion de vie (Eros) ou de la pulsion de mort (Thanatos) l'emporterait?(4) Sur le plan inconscient, la future maman malade répond à cette interrogation par son choix en faveur de la vie. Cette démarche, encore mal-comprise, la soumet à une pression de l'entourage quant à sa décision. Nous devons entendre cela comme le symptôme d'une société qui s'est attachée à traiter de façon distincte les deux protagonistes de la dyade mère/bébé (relation à deux). La grossesse est pourtant, un processus dans lequel, les identités et identifications de la mère et du bébé sont très perméables. Le bébé ne peut, lors de la grossesse, être considéré autrement que comme le prolongement narcissique de la mère. Dans le cas présent, il est aussi le refuge psychique investi pour faire face à la maladie. Le désir d'enfant est ainsi le signe de notre réappropriation de l'avenir, et de notre inscription dans notre histoire individuelle.
(4)Sigmund, Freud, 1929, Malaise dans la culture.