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Lobbying et groupes de pression : à l’américaine ?
Reconnus comme des acteurs du monde politique aux Etats-Unis, les lobbys sont parfaitement intégrés à la culture américaine. De plus en plus présents auprès des institutions européennes, ils tardent pourtant à se propager dans notre pays, globalement très critique vis-à-vis de ces groupes de pression.
Quelques définitions
Le lobbying désigne les pratiques des lobbys, c'est-à-dire de regroupements plus ou moins formels d’acteurs partageant des intérêts communs. Leurs objectifs sont d’influencer les pouvoirs publics pour favoriser leurs propres intérêts. Egalement appelés groupes de pressions, d’intérêts ou d’influence, leurs actions ont généralement une visée économique.
La maîtrise des circuits d’information et de décision, la constitution de réseaux aux plus hauts niveaux de l’Etat, le financement de rapports d’experts, la participation à des groupes d’étude ou encore l’organisation de conférences sont des exemples de leurs interventions.
Leur idéologie politique relève du corporatisme, doctrine socio-économique favorable à la création d’organisations rassemblant tous les acteurs d’une même profession, salariés ou employeurs, dans l’objectif de se présenter comme des organismes consulaires pour les pouvoirs publics.
Des oppositions culturelles et sociales
L’histoire démocratique française fut, dés l’origine, marquée par l’opposition entre aristocrates et prolétaires. Après la Révolution Française, les privilèges des nobles furent abolis mais leurs descendants légitimes, les aristocrates, occupèrent naturellement des fonctions dites d’autorités sociales. Au fil des siècles, le Droit, au travers des différentes constitutions et de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, vint ré-équilibrer les rapports de force entre les classes salariales et les classes dirigeantes.
Dans le monde du travail, ces rapports entre patronat et salariés sont indissociables de l’histoire syndicale et touchent aux fondements de la liberté, et notamment de la liberté d’expression, symbolisée par le droit de grève. L’ensemble de ces forces et valeurs est opposé au corporatisme de fait, puisque les regroupements syndicaux prônent eux aussi, le rassemblement des travailleurs, mais dans une optique de lutte contre le pouvoir patronal.
Par ailleurs, les pouvoirs publics et le gouvernement sont pensés comme des acteurs neutres agissant pour le bien commun. Accepter l’intervention directe de lobbys dans les processus de décisions gouvernementaux, serait cautionner et institutionnaliser les conflits d’intérêts. Les conséquences de la récente affaire Woerth/Bettencourt témoigne de l’attachement des français à ces valeurs.
Un péril démocratique ?
L’idéologie démocratique repose sur le principe d’égalité de droits entre les puissants et les faibles, ces derniers se caractérisant par des ressources plus faibles, notamment en termes de pouvoirs et de moyens financiers. Or, le principe corporatiste est fondamentalement inégalitaire puisque les lobbys sont inaccessibles aux plus démunis, d’une part car leurs intérêts divergent de ceux des grands patrons, et d’autre part parce que leurs pratiquent requièrent des investissements financiers très importants.
L’égalité de tous les citoyens devant la loi est une autre valeur démocratique qui viendrait en opposition du développement des groupements d’influence sur notre territoire. En effet, leurs méthodes imposent la création de liens privilégiés entre les grands groupes industriels et les pouvoirs publics, dont l’objectif est clairement de les influencer en leur faveur. A une époque où la confiance des français en leurs politiques est si faible, de telles liens mettraient sans aucun doute, le feu au poudre.