Difficulté de lecture : 3 / 5
Les souffrances psychiques au travail
En dehors de l’épisode médiatique survenu à la suite des suicides chez France Telecom, les souffrances au travail restent peu ou mal connues. Pourtant, des consultations spécialisées sont apparues un peu partout en France.
Repérer les souffrances au travail
Les indicateurs de souffrances psychologiques sont variés. Certains sont subjectifs et se détectent lors d’un entretien auprès d’un professionnel mais de nombreux sont objectifs et offrent donc une possibilité de prévention aux managers des entreprises.
Les services de santé au travail peuvent en effet constater une augmentation du nombre de visites à la demande des salariés, un temps d’écoute plus important au cours des entretiens et une évolution de la fréquence des accidents du travail. L’orientation des consultations vers des examens complémentaires est également un signe de souffrance accrue. Enfin, lorsque les conditions de travail se dégradent, les médecins remarquent de façon plus ou moins différée, une progression des troubles musculo-squelettiques et des troubles cardio-vasculaires.
Dans le cadre général de l’activité de l’entreprise, l’augmentation des actes de violence et des conflits doit alerter les responsables, ils renvoient à une dégradation générale des relations professionnelles. L’absence ou le dysfonctionnement des temps d’expression des salariés y est généralement associé.
Enfin, au niveau de l’organisation, une progression significative des taux d’absentéisme, de maternité, de départs en cessation progressive d’activité (CPA) et de demandes de formation révèle une intensification des mécanismes de défense vis-à-vis du travail.
Les méthodes d’entretien
L’expression des souffrances au travail apparaît souvent entravée par une sorte de culpabilité sociale (‘lui au moins a un travail’), de crainte des représailles et des conséquences sur la carrière ou par la violence des agressions subies. La reconstruction temporelle du parcours professionnel représente donc un moyen d’amorcer la parole et de replacer l’individu dans l’histoire et le fonctionnement organisationnel, toujours plus ou moins liés au vécu du salarié.
La lecture des pratiques managériales ainsi que l’étude de la chronologie de la dégradation des conditions de travail, juxtaposées au tableau clinique observable chez le salarié, permettent de différencier les mécanismes pathogènes qui sont liés à l’organisation du travail, de ceux qui proviennent davantage de processus psychiques individuels.
Les restitutions des situations de travail vécues par le salarié sont subjectives et permettent d’identifier des troubles psychiques. Une grille spécifique offre une lecture des formes et des techniques de harcèlement : techniques relationnelles, d’isolement, persécutives, punitives ou d’attaque du geste du travail.
L’analyse du collectif de travail
Les dernières recherches conduites en matière de prévention des risques psycho-sociaux ont démontré l’impact de la vitalité des collectifs de travail, notamment en matière de renforcement des mécanismes de défense.
L’ancienneté de ses membres, la transmission des savoirs faire, les méthodes de coopération ainsi que l’étude des regroupements sont des critères importants.
Les tableaux cliniques spécifiques
Leur repérage permet de poser un diagnostic sur l’état de souffrances morales du salarié. Ce travail d’analyse intervient au cours des entretiens ou peut subvenir dés les premières séances si la situation de violence se poursuit. L’effraction psychique peut également resurgir lors de la verbalisation du vécu.
On distingue notamment les tableaux de décompensation ou de syndrome post-traumatique.
Les acteurs de prise en charge
Les professionnels de la santé sont généralement les premiers à constater les effets délétères de la dégradation des conditions de travail sur la santé. Cependant, ils ne peuvent intervenir que lorsque le salarié est conscient de l’altération de ses droits.
Le médecin du travail, l’infirmier et l’assistante sociale sont les acteurs les plus sollicités avec les représentants du personnel, les syndicats et les membres des CHSCT (Comité d’Hygiène et de Sécurité des Conditions de Travail). L’inspection du travail et la Sécurité Sociale peuvent également se positionner comme appui ou conseil.
Les médecins généralistes, psychiatres et psychologues offrent une écoute bienveillante et sont en mesure d’identifier les souffrances physiques et/ou psychiques. Cependant, les problématiques des souffrances au travail sont spécifiques et nécessitent les compétences d’un professionnel formé à leurs études. Les consultations de souffrances au travail (voir l'article 'Les consultations 'Souffrance et Travail') sont donc les mieux adaptées, notamment parce qu’elles sont conduites en partenariat avec les acteurs sociaux et médicaux pertinents.