Les repas de famille
Malgré un mode de vie qui évolue, le français continue de vivre selon un rythme alimentaire assez stable organisé autour de 3 repas phares. Ces moments demeurent un lieu privilégié d'échanges et d'apprentissage au sein de la famille.
L'histoire personnelle en gestation
Qui n'a en mémoire ces moments de partage où enfant nous nous rendions chez les grand parents ou chez la tante Christine qui vivait seule? Dans notre cœur d'enfant, l'ennui commençait à poindre à la perspective de ce temps interminable qu'il faudrait passer à table, à demeurer témoin de conversations qui souvent nous échappaient. Cependant, il y avait cette envie, au creux du ventre, à découvrir le monde extérieur (à la stricte cellule familiale), à se réchauffer au sourire des personnes âgées qui louaient notre jeunesse et à resserrer les liens avec ces gens qui nous révélaient l'histoire de notre famille.
Un apprentissage multiforme
En dépit des transformations intenses, complexes et multiples qu'a apporté l'évolution de la société moderne, le rite familial du repas, en France, persiste bel et bien. De générations en générations se transmet le besoin et le désir de se nourrir auprès d'une vraie convivialité et d'une communauté, véritable ciment de l'histoire familiale et terreau de notre histoire personnelle. Le repas familial demeure un point d'ancrage où se tissent les liens et où s'invite un apprentissage multiforme. Enfant, nous observons ces familiers qui nous demeurent distants et nous obligent à un comportement plus conforme aux règles sociales: ne pas se lever de table inopinément, savoir intervenir à bon scient, manger correctement, deviner sa place dans la communauté et en percevoir les devoirs et espaces de liberté qui lui sont rattachés.
Un lieu social
Comment ne pas garder en souvenir ces grandes tablées dont la préparation elle-même bouillonnait d'énergie et de questions? La place des enfants et des adultes, auprès de qui serions-nous assis? Nous savions que nous nous embarquions pour une longue aventure et que les mets proposés ne seraient pas forcément adaptés à nos goûts et habitudes alimentaires: de nombreux plats qui se succédaient lentement, du poisson qui nous obligeait à lorgner sur le voisin pour savoir comment le découper ou quoi manger, des sauces qu'on nous servait et dont la couleur et l'épaisseur ne nous inspiraient point... Les repas nous ouvraient aux autres et au monde et malgré la patience dont il fallait faire preuve, au bout, il y avait la joie d'avoir pu participer à ce moment d'échanges grâce auquel les liens se resserraient.