Les régions et l'identité individuelle
Jusqu’à la révolution française, la France comptait 39 régions (appelés « duchés » ou « provinces ») aux dimensions très différentes. Certains duchés étaient immenses (celui d’Aquitaine allait de Bordeaux au massif central) alors que d’autres étaient à peine plus grands qu’un département actuel (duché de Touraine ou comté de Foix par exemple).
De la révolution à aujourd’hui…
Il a fallu attendre la révolution pour que la France républicaine se dote d’un ensemble de départements (83 à l’époque) qui vinrent remplacées les anciennes provinces et éliminer du même coup la notion de régions (plus étendues géographiquement). D'ailleurs, le découpage parfois hasardeux qui fut réalisé à l’époque ne respectait pas toujours les histoires et liens régionaux. En cela, on peut imaginer que ce morcellement du pays était une façon d'imposer le centralisme républicain et de mettre un terme aux hégémonies et puissances régionales (en divisant pour mieux régner). Les régions actuelles ont été modelées au cours du XXème siècle (dès 1917 puis précisées en 1955) sans disposer de réels pouvoirs, politiques et économiques, jusque dans les années 1980. Il est amusant de constater qu'une partie d’entre elles reprennent le découpage des anciennes provinces... Aujourd’hui, la France est découpée en 26 régions administratives dont 22 en métropole et 4 sont des régions d’outre mer.
Histoires et identités propres
L’Histoire des provinces françaises, devenues régions, est d’une grande complexité. Les influences et brassages y ont été nombreux à travers les siècles. Dans les premiers siècles après Jésus Christ, l’empire gallo-romain découpait la (future) France en 4 grandes régions : Gaule Aquitaine, Gaulle lyonnaise allant de Lyon à Brest, Narbonnaise couvrant le bassin méditerranéen et Gaule Belgique sur le grand Est. Les multiples invasions des siècles suivants puis l’unification progressive du pays ont légué des régions aux histoires très différentes. En effet, les anciennes provinces françaises jouissaient d’une autonomie plus ou moins marquée propices à entretenir les différences sociales, culturelles et comportementales. De la Bretagne aux influences Celtes et Saxonne au peuple Basque (Euzkadi) qui s’est unifié autour de sa langue, les régions françaises disposent d’identités fortes et d’une grande diversité...
L’empreinte régionale
L’empreinte de la culture et de l’histoire régionale sur l’identité individuelle est substantielle. Elle se génère dans l’appartenance de la famille à sa région (et dans les transmissions qui s’y associent) tout en se potentialisant dans le lien social et humain local. Cette empreinte se traduit de manière consciente au travers de traditions, de langues et expressions du terroir ou encore de legs dans les rythmes de vie, les habitudes alimentaires, les croyances. En parallèle, différentes transmissions inconscientes sont à l’œuvre et « parlent » de ce qui fait la culture régionale, au delà de ce qui est dit et transmis volontairement. Il peut s’agir de peurs vis-à-vis d’une commune ou d’une région voisine (pouvant provenir d’anciennes invasions ou agressions par exemple), d’angoisses peu ou pas rationnelles (menaces du loup dans certaines régions montagneuses par exemple) ou encore de souffrances à priori inexplicables (étant la conséquence d'histoires collectives tragiques, de guerres honteuses ou de deuils non réalisés par exemple)…