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Les phobies handicapantes
Janet établit un répertoire détaillé des phobies mais il faut attendre Freud pour aboutir à la distinction clinique entre phobies et obsessions.
L’angoisse durant l’enfance
L’angoisse en rapport avec la structuration névrotique de la personnalité apparaît vers l’âge de 4 à 5 ans, elle se manifeste par des crises anxieuses et s’accompagne de manifestations somatiques telles que des étouffements ou des spasmes digestifs.
Les peurs sont nombreuses durant l’enfance mais peuvent se focaliser sur le noir ou les autres enfants. Vagues et variables, elles s’organiseront plus tardivement en phobies permanentes (de gros animaux, de l’école etc…). Les terreurs nocturnes et les cauchemars peuvent précéder les phobies mais ils ne peuvent être directement qualifiés de ce terme même s’ils alarment les parents qui constatent des insomnies ou une énurésie. L’angoisse peut disparaître ou s’atténuer vers 10 ans puis réapparaître au début de l’adolescence ou à l’âge adulte.
L’ensemble du comportement de l’enfant relève de la crainte : il est timide, inquiet avec une tendance à la fuite et à l’évitement, ces traits peuvent perdurer pendant l’adolescence et l’âge adulte.
Le caractère du phobique
Le sujet agit peu et se limite constamment, il craint de mal faire ou de se tromper. Sa tendance au repli est fréquente, il mène une vie renfermée et a peu de contacts. Il se remet régulièrement en question, dans une sorte de mouvement d’introspection sous la forme d’une mentalisation douloureuse des problèmes.
Il est fataliste et se perçoit comme moins important que les autres et moins dynamique, l’ensemble de ses réalisations satisfaisantes est donc faible, ce qui entraîne un vécu de frustration récurrente.
N’ayant que peu d’ambition, le phobique connaît une activité professionnelle limitée car il évite les initiatives et ne souhaite pas se faire remarquer. Passif, il peut se laisser dominer par ses collègues pour éviter les conflits. Ses liens sociaux sont rares et peuvent aboutir à une situation de solitude.
L’angoisse
Elle associe phénomènes somatiques et mentaux. Dans le cas d’une personnalité névrotique, l’angoisse est d’une intensité variable mais elle ne prend jamais une forme déstructurante. Elle se manifeste typiquement par une anxiété chronique, une inquiétude permanente avec hyperémotivité, une instabilité et des difficultés d’attention.
Sur le plan somatique, on note une tension musculaire, des somatisations fonctionnelles de type neurovégétatif : transpiration, sécheresse de la bouche, gène cardio-vasculaire.
Ce fond anxieux a des conséquences sur le sommeil, sur la vie sexuelle et entraîne une baisse de l’efficacité. La peur de déclenchement de l’angoisse provoque une sur-angoisse.
Les crises d’angoisse aiguë se présentent comme une exacerbation du fond anxieux et débutent de façon précise. La personne est saisie d’une crainte extrême associée à l’idée d’une catastrophe imminente. Elle peut s’accompagner d’une sidération de toute mentalisation, un vide, une incapacité à penser ou encore une perte de repères.
Les phobies
A proprement parler, la phobie est la peur irraisonnée d’un référent concret ou objet phobogène, il peut être une chose, un animal, une personne ou encore une situation. Le sujet se rend compte du caractère immotivé de sa peur mais ne peut l’enrayer.
L’évitement du référent phobogène est la mesure la plus fréquemment adoptée pour lutter contre la phobie. La présence d’autrui rassure, comme la proximité d’un lieu perçu comme un refuge (médecin, maison, boutique etc…).
La rationalisation est un système intellectuel fait pour expliquer la justification de la peur, elle minimise le caractère inadapté de la réaction phobique et tend donc à montrer qu’il n’y a pas à s’en occuper. En l’absence de rencontre avec l’élément phobogène et avec des mesures de réassurances et des rationalisations, les phobies peuvent rester longtemps masquées.
Chez une même personne, le nombre de phobies est limité à une ou deux, elles peuvent concerner les espaces trop grands (agoraphobie) ou trop petits (claustrophobie), les animaux grands ou petits. Des situations, des lieux, des personnes ou encore des aspects du corps sont aussi fréquents.
Progressivement, la personne devient de plus en plus craintive et s’isole. Elle connaît des périodes dépressives et hypocondriaques, recherchant une hyper-protection de son entourage.
Théorisation
L’origine de la phobie se trouve dans le complexe oedipien et utilise le déplacement comme mécanisme central. Il porte sur les désirs érotiques vis-à-vis des parents et sur la crainte que de tels désirs occasionnent (craintes de castration, de transgression).
A l’occasion d’un évènement quelconque, le futur référent phobogène renvoie à des traits évoquant les structures fantasmatiques, les représentations érotiques et/ou agressives y sont transférées. Cette évocation se heurte immédiatement à la crainte de répression de la part du parent rival et entraîne angoisse puis refoulement. L’ensemble du mécanisme se manifestera à chaque répétition de la situation.