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Les non dits et secrets de famille
Paternité cachée, traumatisme de guerre, viol ou encore actes criminels ; les secrets de famille se transmettent de génération en génération. Cachés dans l’inconscient et l’histoire familiale, ils s’accompagnent de tensions psychiques bien souvent à l’origine de leur découverte.
Secret, non-dit ou secret de famille ?
Ne pas dire, ce n’est pas taire, le non-dit n’est pas le secret. A l’origine du non-dit ne se trouve pas nécessairement une volonté de cacher. D’abord parce que certaines émotions sont si intimes que l’on souhaite les garder pour soi, ensuite parce certaines situations ne correspondent pas au rôle que l’on occupe au sein de sa famille. Enfin, parfois, les vécus sont si terribles qu’ils portent une valeur ‘d’incommunicable’.
Le secret, en revanche, n’est pas un silence, il est un acte volontaire par lequel une ou plusieurs personnes choisissent de cacher une vérité à d’autre(s). Le secret implique donc un système doté d’un réseau de complicités et crée un clivage entre ceux qui ont le droit de savoir et ceux qui ne l’ont pas. Il s’installe dans une démarche perverse de celui ou ceux qui prennent la décision de taire envers celui ou ceux à qui on l’impose.
Le secret de famille est une catégorie particulière de secret. Il se définit comme tel lorsqu’il est mis à jour. Il peut être tu à certains membres de la famille ou à toute personne qui y est extérieure. Ce sont les relations et les interactions existantes entre les membres de la famille qui lui confèrent ses spécificités et ses mécanismes.
Que cache-t-on ?
Le secret est d’abord une protection, le silence est d’abord un silence envers soi-même. Le secret de famille ne se restreint pas au secret de filiation, par ailleurs relativement courant et souvent découvert.
Les familles taisent ce qui fait honte, ce qui pourrait remettre en question leur identité familiale et/ou sociale : les condamnations de justice, les délits et crimes, les divorces, les familles parallèles, l’alcoolisme, la toxicomanie, la folie, la prostitution, le suicide, l’illettrisme, les violences conjugales, morales, sexuelles…
La découverte
Accidentelle, contrainte par une situation ou résultat d’une longue enquête, la découverte des secrets de famille passe par de nombreux médias. Les actes manqués, astuces de l’inconscient pour dire ce que la conscience refreine, sont bien souvent à l’origine des choix qui aboutissent à la levée du secret : « Un jour en passant devant l’église Notre dame de…, je me suis dit que la mère s’y était mariée. J’ai alors voulu savoir s’il restait des pièces dans les registres de l’Etat civil. C’est ainsi que j’ai appris qu’elle était née de père inconnu. »
La révélation peut également intervenir à la suite d’un aveu différé. On définit ainsi les actes réalisés par le porteur du secret qui laissent un moyen d’accès au secret et qui transmettent la responsabilité des révélations sur un autre. Les documents mi-cachés, mi-accessibles, placés dans une armoire où les membres de la famille peuvent les trouver, entrent dans cette catégorie.
Enfin, on trouve l’aveu. Il est initié par l’un des acteurs du secret et prend forme en fonction de leurs relations. L’aveu peut être ‘révélateur’ ou ‘dénonciateur’. Cette distinction est en lien avec l’origine du secret : si l’aveu provient de celui ou ceux qui ont décidé de taire, il est ‘révélateur’. Au contraire, s’il est avoué par celui ou ceux à qui l’on a imposé le silence, alors il est ‘dénonciateur’.