Les frères dans la fratrie : enjeux et rivalités
Chaque place est différente
Chaque place, au sein d’une fratrie, est un socle sur lequel se dépose de nombreuses représentations, un vécu plus moins lourd à porter. En effet, les places de l’aîné, du cadet ou du benjamin héritent chacune d’une histoire particulière en écho au vécu familial du père et de la mère. Pour comprendre la nature de cet héritage, il convient de bien connaitre ce qui s’est joué autour de notre place, durant l’enfance et l’adolescence de nos parents mais aussi dans les générations qui les ont précédés.
Rivalités fraternelles à la naissance
Les rivalités entre frères mettent aux prises la place de chacun, sa résonnance au sein du roman familial (du père et de la mère) mais aussi d’autres éléments massifs. Le premier d’entre eux concerne les angoisses d’abandon. Celles-ci sont inévitables lorsqu’arrive au monde un nouveau né… Le fait que celui-ci soit de sexe masculin étant susceptible d’accroitre la peur abandonnique, la peur du remplacement (« mes parents vont me replacer par l’enfant du même sexe qui va naitre »).
Niveau de rivalité et contexte familial
En outre, la « concurrence » entre frères pourra se poursuivre indéfiniment dans un contexte familial insécurisé (reconnaissance insuffisante de la place de chacun, valorisation carencée ou partielle des différents garçons…). A l’inverse, un environnement familial sécurisant (témoignages d’amour et de bienveillance, respect de la place des uns et des autres…) facilitera considérablement l’apaisement des liens fraternels et des rivalités. On peut donc vivre très heureux, en tant que garçon, au milieu d'une fratrie masculine... Tout comme cela peut s'avérer particulièrement douloureux voire maltraitant au contact d'histoires familiales en souffrance.
Plusieurs Oedipes et une seule maman
Le complexe d’Œdipe participe à la construction psychologique et sexuelle de tout enfant. Pour les jeunes garçons, il s’agit d’un désir (sexuel) inconscient à l’endroit de leur mère ; le père jouant ici le rôle de l’ennemi qui empêche le désir interdit de se réaliser. La conjonction de plusieurs complexes d’Oedipe, dans le cadre de fratries de jeunes garçons, met en jeu une rivalité masculine envers le père (de la part des différents garçons) mais aussi une lutte intrinsèque (au sein de la fratrie) dans le désir commun d'obtenir "les faveurs" de la mère. Ces tensions inconscientes peuvent être violentes, encore plus lorsque celles-ci ne sont pas mises en mots et en conscience. « Totem et tabou », l’une des œuvres freudiennes les plus inspirées, aborde largement cette notion de rivalités de frères qui vont jusqu’à tuer le père pour « consommer » leur désir Oedipien…