Les entraves aux désirs de vie
Les désirs de vie représentent, en quelque sorte, le moteur qui permet aux êtres humains d’avancer, de vivre. Ceux-ci s’illustrent au travers des « pulsions de vie » mises au jour par Freud. Au fil de l’enfance et de la vie, il peut néanmoins arriver que ces désirs s’étiolent, se fissurent voire disparaissent au contact de réalités trop dures, brutales et parfois traumatisantes…
Les premières années de la vie…
Les épreuves à traverser, pour le jeune humain, sont nombreuses et difficiles. Même au sein d’une famille aimante et soudée, d’inévitables étapes sont à franchir au fil des mois et des années. L’arrivée au monde, tout d’abord, qui représente au mieux une agression et au pire une rupture traumatisante pour le nouveau né (basculer d’un monde intérieur sécurisant et apaisant à la vie extérieure, complexe, imprévisible…). Viennent ensuite les premiers stades de la vie, la grande dépendance à la maman, la nécessité progressive de « faire sans » (grâce notamment au « doudou »). S’en suivent la phase de succion, celle du « non » et des désirs de toute puissante (stade anal et sadique)…etc. Au cours de ses 5 à 6 premières années, le jeune enfant traverse bien des difficultés tout en devant acquérir la motricité, le langage et apprendre à se socialiser aux contacts des autres….
Les entraves aux désirs de vie…
Durant ces différentes phases et étapes, l’enfant est nourri par ses désirs de vie, ses ressources pulsionnelles qui le poussent vers la découverte, vers le développement et vers les autres. Il peut néanmoins arriver que ses indispensables désirs de vie soient mis à mal. Ce peut être au travers d’expériences qui dépassent les capacités de l’enfant à dire, à exprimer, à comprendre… Des cris ou des gestes violents à son égard, des tensions fortes et non verbalisées dans son entourage (ou à son endroit) ou encore des carences plus ou moins fortes dans le lien affectif qui le lie à ses parents. Dans chacun de ces cas, les désirs de l’enfant pourront être ébranlés, fragilisés voire étouffés.
… et les conséquences de ces entraves
L’enfant comprend et entend bien au-delà de ce qui lui est dit. Il ressent les non dits, tout particulièrement ceux le concernant ; il perçoit les dissimulations tout comme les multiples formes de tensions qui peuvent être à l’œuvre chez les adultes (honte, peur, agressivité…). Le plus souvent, l’enfant intériorise les agressions extérieures dont il peut être la cible (par manque de mots, par sentiment de honte ou de peur d’être puni). De la même façon, il garde en lui-même ce qu’il perçoit (non dits, tensions…) et qui représentent, pour son développement psychique, autant d’agressions invisibles. Les conséquences de ces entraves peuvent être multiples : mutisme, renfermement sur soi, dépressions ou symptômes dépressifs ou encore hyperactivité ou refus de s’alimenter. Les expressions peuvent aussi être somatiques : douleurs récurrentes (maux de tête, de ventre…), déclaration d’une maladie…
L’adulte que nous sommes devenus garde en lui (ou en elle) les traces et stigmates de ces « entraves de vie ». Celles-ci ne sont pas pour autant irréversibles ou définitives…