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Le refus de parler chez l'enfant
Alors que Sa Majesté le Bébé connaissait un développement jusque là sans histoire, à l’âge où nous le sentons prêt à parler, il se contente de communiquer par quelques vocalises et autres signes de la main. Seuls nous ses parents sommes en mesure d'en comprendre le sens. L’environnement se fait pressant pour que nous le remettions sur la voie de la parole. D'ailleurs, depuis quelques semaines, c'est devenu notre principale obsession : guetter le moindre mot de notre cher bébé.
La parole, un enjeu qui commence avant la naissance
Si les bébés dès leur conception sont plongés dans un bain de langage, tous ne parlent pas avec la même rapidité. Il n'existe aucune règle ni quant à l'âge de prise de parole d'un enfant, ni quant aux modalités de celle-ci. Certains enfants sont très précoces tandis que d'autres le sont moins mais peuvent se mettre à parler d'un coup, avec une certaine dextérité. Classiquement, les babillages sont le langage de sa première année et vont progressivement se transformer en mots puis en phrases simples durant la deuxième. Dès le début, le bébé comprend bien mieux qu'il ne s'exprime. Il est donc important que nous nous adressions à lui avec un discours intelligible. C'est notre discours qu'il utilise pour construire son propre langage. Vers 2 ans, un bébé retient environ 1 mot nouveau par heure.
La fonction primitive de la parole : différer la satisfaction !
Le bébé qui ne parle pas traverse souvent une des deux situations suivantes :
- il focalise son énergie et son attention sur une autre acquisition (marche, motricité fine, propreté);
- il est pleinement satisfait des réponses faites par l'entourage à ses babillages.
En effet, la parole a une fonction très précise pour l'enfant : augmenter le nombre de ses satisfactions. La parole lui sert avant tout à obtenir de l'extérieur des satisfactions qu'il ne peut obtenir seul (le jouet qui est tombé, le bonbon qu'il ne peut attraper). La parole est un premier lien de pouvoir que le bébé tisse avec l'environnement reconnu comme extérieur à lui-même. La parole est sa première expérience de ce qu'il peut agir sur le monde. Ainsi, un bébé qui n'a pas l'occasion de demander (tout lui est donné tout de suite) sera plus lent à acquérir le langage. De plus, il supportera moins bien l'absence de ses premières relations affectives (maman, papa,…). Ainsi quand il dit "maman", il la rend présente dans son esprit. Son absence est donc temporairement compensée.
Le bébé ne parle que pour satisfaire plus de désirs
Favoriser la prise de parole de l'enfant n'est pas chose aisée. Avec patience, en présentant des objets à l'enfant et en les nommant, il va rapidement assimiler que la parole et les mots sont une réelle économie d'énergie. Il n'a plus à montrer du doigt ou traverser toute la pièce pour se faire comprendre. La substitution du geste par le mot, si elle est un passage complexe n'en demeure pas moins un gain formidable d'efficacité. Tout naturellement, il tire désormais sa satisfaction de l'acquisition de nouveaux mots puisque c'est pour lui acquérir symboliquement autant de nouveaux objets. Nous pouvons le constater lorsqu'il nous demande de manière réitérée le nom des choses et de lui expliquer les mots qu'il ne comprend pas. Les comptines et chansons qu'il a tôt fait d'apprendre par cœur et de se raconter à loisir, quand il est seul, sont une preuve supplémentaire du plaisir qu'il tire de l'acquisition de la parole.
S. Freud, Pour Introduire le narcissisme
D.W Winnicott, L'enfant et sa famille & L'enfant et le monde extérieur