Le modèle culturel de la personnalité
Nait-on avec une personnalité précise qui évoluerait peu ou pas au cours de notre vie ou bien serions-nous avant tout le fruit du modelage social, familial et humain liés à notre culture… ? Les débats infinis qui entourent cette question mettent en opposition de forts clivages. D’un côté, les partisans d’un conditionnement biologique et génétique pour qui la personnalité est avant tout déterminée dans les gênes… De l’autre, les défenseurs d’une évolution humaine basée sur l’interaction avec son environnement et ses expériences de vie (sociologie, psychologie, anthropologie…).
Sociologie et personnalité
La sociologie met l’accent sur l’importance du conditionnement social dans la construction de l’individu. En cela, elle souligne le caractère prédominant du « nous » dans le « Moi ». Cette discipline distingue plusieurs niveaux de conditionnement ; chacun d’entre eux œuvre et modèle la personnalité. Concrètement, cela convient à répondre à différentes questions : de quel milieu sociologique suis-je issu ? (catégorie socioprofessionnelle, ethnique…), quels coutumes et usages sont dominants dans ce milieu ? quelle sont ses valeurs, ses rites et ses modes de consommation… ? Autant d’angles d’approches qui permettent de mieux appréhender la façon dont cet environnement modèle la personnalité, la forge et la nivelle.
Psychologie et personnalité
La psychologie offre différentes approches de la personnalité. Le modèle « comportemental » met l’accent sur la dimension « innée » de la personnalité tandis que le modèle « analytique » souligne son caractère évolutif lié au roman familial et à l’inconscient qui s’y associe. Retenons donc cette seconde approche pour définir les liens qui existent entre le modèle culturel et la personnalité.
La psychanalyse considère que la personnalité (1) s’élabore à partir de 3 pôles psychiques qui cohabitent de façon plus ou moins hermétique. Il s’agit tout d’abord du « ça », sorte de réservoir pulsionnel qui contient les refoulements actuels et liés à la construction psycho-sexuelle (désirs sexuels refoulés, pulsions liées à l’enfance, à l’Oedipe…etc). Le second pôle est celui du « Moi » qui est l’espace de la conscience, de la raison et des processus de réflexion. Le troisième pôle est le « Surmoi » qui intériorise les interdits et l’autorité (liés en partie à l’éducation, au cadre parental).
Convergence des théories ?
Notons que d’autres approches également « culturelles » de la personnalité existent, notamment celles en lien avec l’anthropologie et l’histoire adaptative de l’humanité. Ces différents éclairages ne sont pas nécessairement antinomiques mais bien complémentaires. On observe d’ailleurs l’émergence de pensées et théories convergentes qui mêlent psychologie, sociologie et anthropologie pour expliquer l’élaboration de la personnalité humaine.
(1) Seconde topique de Freud, élaborée à partir de 1920.