Mode ZEN
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Le libertinage est-il une névrose ?
Le libertinage est perçu dans nos sociétés de manière contrastée. Il exprime la toute puissance (narcissisme) mais rencontre aussi un jugement moral sévère (surmoi). Les libertins passent alternativement du statut de surhommes à celui de personnes de petite vertu. Cette dichotomie suit le plus souvent la ligne de fracture entre les droits dévolus à chaque genre (masculin & féminin).
La libido
Depuis quelques décennies, nous assistons à une disjonction progressive de la sexualité et des affects. Ainsi, la sexualité n'est plus présentée que comme un besoin à satisfaire. Il s'agirait de s'adonner à la mécanique des corps pour enfin être rassasié. Le rapport sexuel tend ainsi à perdre sa dimension d'acte relationnel. Chacun est renvoyé à sa propre pulsion dans sa composante énergétique. L'objet visé par celle-ci s'éclipse. La sexualité est ainsi pensée comme quelque chose qui pourrait s'allumer et s'éteindre au gré des passages à l'acte.
Pulsion & société
Les supermarchés du sexe que sont les backrooms et autres clubs à cabine confirment cette évolution. Y entrer, c'est venir dépenser, à fonds perdus, son trop-plein d'énergie sexuelle. Quand elle se manifeste, celle-ci non encore liée à un objet perturbe l'équilibre du sujet. Il se sent contraint de l'assouvir pour interrompre la tension ressentie. Or la société actuelle ne tolère plus le déséquilibre causé par cette poussée pulsionnelle. Les enfants hyperactifs, les adolescents turbulents, les rebelles voire les artistes sont présentés comme pathologiques. Les sujets doivent être lisses et non corrompus par le désir. Pour maintenir son contrôle, l'organisation sociale propose donc des lieux cathartiques où vidanger cette énergie. Mais la sublimation et l'élaboration de la libido, installées par sa rencontre avec la contrainte extérieure sont sacrifiées. Quand il y a passage à l'acte de manière consumériste, ce qui est visé c'est l'expiation et la résolution rapide du désir.
Le libertinage
Dans ce contexte, le libertinage semble être au niveau individuel l'expression de la volonté de contrôle des sexualités. Multiplier les expériences sexuelles avec différents partenaires fait que nous n'en rencontrons réellement aucun. Le recours compulsif à l'acte traduit la difficulté à engager son désir dans la négociation avec ses objets.
En fait, accomplir sa sexualité avec plusieurs personnes diffracte notre investissement psychique. Si nous pouvons multiplier les actes, l'affect ne parvient pas au même morcellement. Dès lors, sexualité et affect sont séparés. Dans l'imaginaire, libertiner mutualise le risque de s'attacher : un(e) partenaire de perdu(e), dix de retrouvé(e)s. Par ailleurs, il n'y a plus à faire de compromis quant à sa satisfaction. Si l'autre ne répond pas à l'attente, il est possible d'être contenté en changeant de protagoniste.
En fait, accomplir sa sexualité avec plusieurs personnes diffracte notre investissement psychique. Si nous pouvons multiplier les actes, l'affect ne parvient pas au même morcellement. Dès lors, sexualité et affect sont séparés. Dans l'imaginaire, libertiner mutualise le risque de s'attacher : un(e) partenaire de perdu(e), dix de retrouvé(e)s. Par ailleurs, il n'y a plus à faire de compromis quant à sa satisfaction. Si l'autre ne répond pas à l'attente, il est possible d'être contenté en changeant de protagoniste.
Le libertinage, un symptôme ?
Il semble que ces comportements quand ils sont poussés à l'excès démontrent une certaine fragilité de la relation d'objet. L'autre est inconsciemment vécu comme fuyant. Dès lors, le penser comme immédiatement remplaçable minimise les affres de sa perte. De plus, ils sont révélateurs d'une faible capacité à élaborer sa libido. En effet, lors du développement psychique la pulsion originairement brute se complexifie et se sublime, notamment en instituant l'affect. L'amour se définit comme la tentative du psychisme de donner du sens à la sexualité. Le recours au sexe solitaire est une régression à un stade précoce du développement, un assujettissement à la reine pulsion.
En fait, ils mettent en lumière la manière dont les relations interpersonnelles sont présentées aujourd'hui. L'expansion du libertinage, loin d'affirmer la libération des hommes, les dévoile englués dans la pulsion. La culture et la civilisation leur ont offert une possible maîtrise pulsionnelle. Renoncer à la satisfaction totale (brute) ouvrait la porte de l'autre et du social, c'est-à-dire de la structure. Voguer au gré du désir nous installe du côté de la bestialité. Si ce n'est pas condamnable – nous sommes aussi des bêtes – il semble pour autant ne pas falloir abandonner complètement ce qui nous spécifie comme humain : l'affect et la culture.
En fait, ils mettent en lumière la manière dont les relations interpersonnelles sont présentées aujourd'hui. L'expansion du libertinage, loin d'affirmer la libération des hommes, les dévoile englués dans la pulsion. La culture et la civilisation leur ont offert une possible maîtrise pulsionnelle. Renoncer à la satisfaction totale (brute) ouvrait la porte de l'autre et du social, c'est-à-dire de la structure. Voguer au gré du désir nous installe du côté de la bestialité. Si ce n'est pas condamnable – nous sommes aussi des bêtes – il semble pour autant ne pas falloir abandonner complètement ce qui nous spécifie comme humain : l'affect et la culture.