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Le fonctionnement de l'inconscient
En étudiant les processus de refoulement, Freud nota que les éléments non accessibles à la parole étaient dans une grande majorité liés à des confits sexuels intervenus durant l’enfance.
La sexualité infantile
En amenant à la surface des souvenirs de la petite enfance, Freud confirma ce que chacun supputait, à savoir que les premières impressions de la vie laissent des traces indélébiles sur le sujet, même tombées sous le coup de l’amnésie. En revanche, en affirmant que ces impressions étaient liées à la sexualité, il brisa un tabou et s’attira une nouvelle fois la foudre de ses opposants.
La fonction sexuelle est donc présente dés le début de la vie, d’abord au travers de zone auto-érotique puis d’une phase sadique-anal avant de se centrer sur les organes génitaux. Au cours de cette évolution, l’énergie sexuelle ou libido, tend à rechercher un objet d’amour, la mère. C’est ainsi que le petit garçon se rapproche de sa mère et ressent une grande hostilité envers son père, perçu comme un rival : il s’agit du complexe d’Œdipe.
La fixation de la libido sur le pénis, conjuguée à la perception du père comme un rival et à la peur de ses représailles, développe chez l’enfant, la peur que le père ne se saisisse du phallus : il s’agit du complexe de castration.
Vers l’âge de 5 à 6 ans, l’apprentissage de la morale et des règles sociales conduit l’enfant à refouler son désir incestueux, la libido entrant alors dans une période de latence jusqu’à l’âge de la puberté.
L’accès à l’inconscient
La découverte du refoulement avait mis en exergue l’existence de résistances psychiques destinées à bloquer le souvenir refoulé et à empêcher son accès à la parole (à la conscience). Pour parvenir à cette mémoire, Freud utilisa l’hypnose puis des suggestions actives et se tourna enfin vers la méthode de libre association, efficace à la seule condition de n’exercer aucune forme de rétention de l’information.
Grâce à cette méthode, Freud put observer que le matériel amené par le patient n’était jamais le refoulé lui-même, mais quelque chose en relation avec celui-ci. De même, en cas de grandes résistances, il nota que des idées se substituaient au refoulé de façon à s’en éloigner. Il développa alors une technique d’interprétation permettant, en cas de faible résistance, de saisir la nature du refoulé par les expressions formulées par le patient. En cas de grande résistance, l’interprétation consistait à comprendre de quel objet les idées substitutives s’éloignaient.
Le transfert
Au cours des cures analytiques, Freud observa la répétition de liens affectifs très forts entre le patient et l’analyste. Affirmant l’impossibilité de réaliser une analyse sans transfert, il nota que ces liens pouvaient être positifs, évoluant alors parfois jusqu’au sentiment amoureux, et devenaient alors le moteur de l’analyse. A l’opposé, le transfert négatif, en conduisant le patient à des ressentis de haine envers son analyste, devenait l’instrument principal des résistances.
Ainsi, par le biais du transfert, l’analyste est en mesure d’interpréter les éléments fournis par la libre association, de lever les résistances et de mettre à jour le refoulé. Une fois ramené à la conscience, le refoulé peut être renvoyé au patient sous la forme des souvenirs enfantins ravivés, l’analyste démontrant alors que les phénomènes de transfert n’ont été que la reproduction des relations affectives à l’objet refoulé.
L’importance des rêves
Grâce à la méthode la libre association et à sa technique d’interprétation, Freud fut bientôt amené à s’intéresser aux rêves, régulièrement abordés par les patients. Il découvrit qu’il s’agissait d’un acte psychique entier, simplement déformé et incompris mais dont l’interprétation était possible.
Par ailleurs, en état de sommeil, le Moi est en mesure de limiter l’énergie déployée dans le maintien du refoulement ouvrant ainsi une partie du refoulé au rêve. Toutefois, les résistances ne sont pas totalement levées, mais plutôt diminuées en une sorte de censure, aboutissant à la déformation du rêve. Selon Freud, « le rêve est la réalisation (déguisée) d'un désir (refoulé) »(1).
Il fut à même d’étudier ce qu’il nomma l’élaboration du rêve, c'est-à-dire les processus psychiques par lesquels, en collaboration avec la censure, les pensées latentes sont rendues manifestes dans les rêves. Il s’agit de la condensation, mécanisme consistant à réduire diverses pensées en une seule, du déplacement (l’accent psychique est déplacé d’un objet sur un autre), ou encore du symbolisme.
L’accès au travail du rêve marqua un tournant décisif dans l’objet même de la psychanalyse qui fut à l’origine l’étude des troubles névrotiques. En se focalisant sur le rêve, elle portait non plus sur une pathologie, mais bien sur un élément de la vie ‘normale’ posant ainsi les bases d’une science psychologique.
(1) S. Freud, Ma vie et la psychanalyse, 1925