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Le cadre du travail psychologique
Passée la porte du cabinet du psychologue, à quoi doit-on s’attendre ? « Devrais-je m’allonger ou serais-je assis ? Me posera-t-il (elle) des questions ou sera-t-il (elle) silencieux ? » Voici quelques-unes des questions les plus couramment posées avant de choisir son ‘psy’ et de s’engager dans une thérapie.
La disposition matérielle du cabinet
Les psychologues n’utilisent pas de divan et ne demandent donc pas à leurs patients de s’allonger, cette pratique étant réservée aux psychanalystes. Il n’existe pas de règles formelles dans la disposition de la pièce, si ce n’est celle de favoriser le dialogue et d’offrir au patient un cadre agréable.
La plupart des psychologues différencie ainsi leur bureau du lieu de consultation qui se matérialise par deux fauteuils ou sièges confortables, situés l’un en face de l’autre à une distance moyenne (trop grand, cet espace transposerait une distanciation entre le thérapeute et son patient ; trop petit, il pourrait être vécu comme une pression).
La pièce est close, permettant une intimité totale entre patient et thérapeute, l’environnement est calme et serein afin que rien ne vienne perturber le discours. Dans la mesure du possible, la porte de sortie du cabinet est différente de celle d’entrée, de sorte que les patients ne se rencontrent pas afin de préserver encore davantage la confidentialité de leur démarche.
Les méthodes
Elles dépendent essentiellement de la formation du psychologue ainsi que de la méthode thérapeutique employée. Peu de personnes savent que le nombre de psychothérapies dépasse le chiffre des 400…Toutefois, il est possible de distinguer, dans les pratiques, quelques points communs comme de grandes divergences.
Le silence est sans aucun doute l’outil qui engendre le plus de peurs. Pourtant, le silence absolu reste rarement employé et correspond aux méthodes des psychanalystes, les psychologues en faisant un usage plus modéré. Ils l’emploient dans la mesure où le patient en a besoin, soit pour réfléchir, soit pour retrouver son calme, ou encore lorsqu’il leurs semble important de laisser libre cours au processus de pensée du patient en dehors de toute influence extérieure. La succession des thèmes du discours, méthode largement héritée de la libre-association freudienne, peut en effet se révéler un indicateur très pertinent pour le psychologue.
La reformulation est une méthode d’entretien utilisée par la plupart des thérapeutes, son objectif est de développer le discours et de l’approfondir en orientant la pensée le moins possible. Elle consiste donc à ré-utiliser les propos du patient pour construire une nouvelle question. Des propos tels que « j’ai ressenti une grande angoisse dans cette situation » pourront être reformulés ainsi « une grande angoisse ? qu’entendez vous pas là ? ». L’emploi de la reformulation, parfois assimilé à une passivité de l’écoutant, est au contraire finement utilisé en fonction des non-dits du discours ou d’une gestuelle traduisant des contenus latents. Elle n’est pas neutre puisque son recours précoce peut placer le patient dans une situation très inconfortable, assimilée au fait de se trouver acculé devant un précipice.
Des interjections telles que ‘hum hum’ ou des termes comme ‘oui’ ou ‘c'est-à-dire’ permettent également de produire la parole sans demander au sujet d’approfondir un thème particulier.
L’écoute active
Elle définit l’ensemble des ‘actions’ de l’écoutant durant la parole du patient. Le psychologue se centre sur les propos mais aussi sur la façon dont ils sont prononcés, sur la congruence entre le message et la gestuelle du patient, sur l’enchaînement des thèmes, sur les mimiques, l’intonation etc…
Par exemple, une personne affirmant avoir passé un bon moment lors d’une occasion précise tout en adoptant une posture repliée sur elle-même ou une intonation de voix faible, permet au psychologue de déceler une problématique cachée.
L’écoute active fut élaborée par Carl Rogers pour conduire des entretiens de soutien. Plus fine que la reformulation, elle consiste à décrypter les ressentis émotionnels qui accompagnent le discours. Elle se base sur la neutralité et la bienveillance de l’écoutant, l’emploi de questions ouvertes ou encore l’adoption d’un comportement traduisant un intérêt pour le patient.
La bienveillance et l’empathie
Aucune méthode ou technique, quelle que soit sa pertinence, ne peut se montrer efficace si elle est employée sans bienveillance et sans empathie. Parfois confondues, ces deux attitudes du psychologue ne sont pourtant pas identiques.
La bienveillance renvoie à la chaleur humaine, elle témoigne de la présence du thérapeute aux côtés du patient, de son aide dans la résolution de ses souffrances et de sa neutralité dans le sens d’un non-jugement. Elle crée ainsi ce que les psychologues nomment un ‘cadre contenant’, rappelant l’environnement produit par la mère envers son enfant. La bienveillance doit être clairement distinguée de l’affectivité, totalement exclue de la relation thérapeutique.
L’empathie désigne la capacité à comprendre les émotions d’autrui, sans impliquer une adhésion à ces ressentis. Elle œuvre donc au processus de compréhension des mécanismes de pensées conscientes et inconscientes lors des entretiens mais implique la maîtrise de la capacité de maintien de la distanciation : il s’agit « de ne pas prendre pour soi ce qui n’est pas à soi » (Descartes) et de ne pas considérer les émotions perçues comme forcément représentatives du vécu décrit. Les savoir-faire liés à l’emploi de l’empathie s’acquièrent donc essentiellement par la pratique.