Difficulté de lecture : 2 / 5
La violence conjugale
A l’évidence, la violence conjugale est un phénomène qui se répète invariablement depuis des années et touche toutes les catégories socio-professionnelles.
La première fois : un incident ?
La thèse de l’incident est une constante dans les récits de femmes battues : toutes ont considéré que la première agression n’était le fruit que d’un incident isolé et qu’il ne démontrait en rien un caractère violent de leur conjoint.
L’une des difficultés évidentes de la violence conjugale tient donc à l’impossibilité pour la femme, de définir son conjoint comme un agresseur et non plus comme un partenaire.
La culpabilité est un autre facteur problématique, d’une part parce que leur salut ne peut intervenir sans la dénonciation de leur conjoint, et d’autre part parce qu’il implique de mettre directement en cause le père de leur(s) enfant(s). Au sentiment de faire du mal à leur conjoint, s’ajoute celui d’en faire à leur(s) enfant(s).
L’isolement
La violence conjugale est, par nature, une violence cachée : elle a toujours lieu dans la sphère privée et porte sur une relation jugée intime, entre deux individus.
L’isolement est aussi souvent en lien avec une relation de dépendance de la femme envers son mari. Elle sera d’autant plus marquée que le cursus scolaire de l’épouse sera faible et qu’elle sera âgée.
Enfin, si ses répercussions sur la santé physique commencent à être dénoncées et critiquées, on parle encore trop peu de ses conséquences psychologiques et on ignore l’isolement des victimes et le traumatisme engendré par une justice aveugle et impuissante face à des agressions difficiles à prouver.
Les liens parentaux
La famille joue un rôle fondamental dans le vécu de la femme qui tombe parfois d’une domination à une autre. Conditionnée à obéir et à être enfermée depuis son enfance, ses schémas familiaux ont souvent intégré la responsabilité de l’épouse dans la bonne marche de son ménage.
Au travers du vide affectif parental, de l’isolement dans le couple, du manque de relations, se dessine une perte complète de vécu socio-affectif hors de la relation avec les enfants.
L’alcoolisme
Autre facteur récurrent des situations de violences conjugales, l’alcool agit comme un véritable catalyseur des situations conflictuelles et des tensions internes, il précipite le passage à l’acte violent.
On considère en effet que le nombre d’agressions serait bien moindre si les conjoints n’étaient pas alcoolisés.
L’estime de soi
La plupart des femmes battues souffre d’une très faible estime d’elle-même, voire d’une incapacité à se penser en tant que sujet. Dans leur discours, on entend ‘mon mari boit, donc je pars’ ou encore ‘mon mari me bat, je pars’ etc… mais très rarement ‘j’ai décidé de partir parce que…’
Le dépassement de cette identité de victime est un élément essentiel de l’évolution de leur situation. Il explique, en autre, que beaucoup de femmes retournent vers leur mari après des maltraitances, voire même après avoir porté plainte.
Tabous sociaux et culturels
‘Un mariage chrétien ne se dissout pas’, ‘la femme ne doit pas travailler mais s’occuper de son mari et de ses enfants’, ‘je ne savais pas que j’avais le droit de quitter le domicile conjugale’, ‘c’est parce que je me refusais à lui que je l’ai frustré et qu’il a été violent sexuellement’ etc…
Ces tabous sont encore profondément encrés dans nos sociétés, toute classe sociale confondue. Ils constituent souvent l’une des origines des violences et expliquent leur durée dans le temps car ils renforcent l’image de culpabilité et d’incapacité déjà renvoyée par le conjoint violent.