La prime enfance
Selon Françoise Dolto, « La mémoire des adultes efface tout ce qui était de la période pré odipienne, c’est pour cela que la Société a eu tant de mal à accepter la sexualité infantile ». Cette remarque résume à elle seule la difficulté d’aborder ces phases « primitives » de la vie, pourtant fondamentales dans la construction identitaire de l’être humain.
La prime enfance peut être définie comme la période allant de la naissance jusqu’à environ 36 mois (diverses approches existent avec des durées plus moins longues). Le nouveau né y traverse les 2 premières phases de sa vie psychoaffective et sexuelle : le stade oral puis le stade anal…
Le stade oral (0 à 18 mois)
Il correspond à la période 0 à 18 mois et se caractérise par une forte dépendance du jeune enfant vis-à-vis de son environnement. L’essentiel du plaisir est véhiculé par la succion (du sein, de la tétine…) tandis que les désirs de mordre et d’incorporation (mettre à l’intérieur du corps) génèrent une vie psychique intense, régulièrement violente. Mélanie Klein (psychanalyste spécialiste des jeunes enfants) expliquait que si le bébé disposait de la force de l’adulte, il pourrait anéantir son entourage (tant l’investissement pulsionnel est grand). Le défi majeur de ce stade est celui du sevrage (sevrage potentiel du sein, sevrage de la présence permanente de la mère).
Ce stade étant l’un des plus archaïques, les souffrances et pathologies qui peuvent apparaitre y sont souvent lourdes et très inconscientes. La psychanalyse peut y associer des troubles tels que l’anorexie boulimie ou différentes formes de dépressions.
Le stade anal (18 à 36 mois)
La fameuse période du « non » (de l’opposition), identifiée par S. Freud au travers de la découverte de la psychanalyse, est également celle de nouvelles zones érogènes pour l’enfant. L’essentiel de ses désirs se concentrent alors sur la région anale et celui-ci prend plaisir à la rétention (des matières fécales) et à leur expulsion. Ce stade est également générateur d’angoisses pour l’enfant, à commencer par celle que représente la « perte » de ses sels (qui symbolisent la perte d'une partie de lui-même). La notion de propreté, qui peut être considérée comme l’un des défis majeurs à relever à cet âge, est également synonyme d’angoisses si l’enfant se sent « sale » ou « dégoûtant » aux yeux de sa mère (dans son lien à sa propreté et à ses matières fécales).
Les souffrances et pathologies associées à ce stade sont les névroses obsessionnelles (obsessions de propreté, de rangement...) ou des formes de paranoïa (sentiment d'hyper surveillance sur soi). Les besoins d’hyper contrôle et de toute puissance, à l'oeuvre chez bon nombre d'adultes, peuvent également être liés à cette période de la construction identitaire.