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La France et la liberté
Concept éminemment subjectif pour les psychologues et les sociologues, la liberté n’en demeure pas moins l’un des piliers historiques de la France.
Sciences humaines et liberté : une combinaison impossible ?
D’un point de vue littéral, la liberté se définit comme la faculté d'agir selon sa propre volonté, en fonction des moyens dont on dispose et sans être entravé par le pouvoir d'autrui. Elle se comprend de façon positive en s’associant à la spontanéité et à l’autonomie ou de façon négative comme une absence de soumission et de servitude.
La sociologie, la psychologie et encore davantage la psychanalyse ne peuvent souscrire à cette définition puisque leurs champs d’étude relèvent justement des déterminismes sociaux, culturels, familiaux et psychologiques. Pour ces disciplines, la liberté absolue n’existe pas car l’être humain, en dehors de toute contrainte, agit et agira toujours en fonction de son histoire et de ses influences patentes et latentes sur sa personnalité, ses motivations, ses attentes, mais aussi en fonction de son environnement et plus précisément selon les attentes de son entourage et l’idée qu’il se fait de leurs opinions sur lui et sur ses actes.
Est-ce à dire que les sciences humaines excluent d’emblée la notion de liberté et la relèguent aux considérations philosophiques et morales ? Non certes, à condition d’en garder une vision critique consistant justement à étudier cette ‘idée’ de libre-arbitre et à concevoir le concept de liberté tel un idéal à atteindre.
Ainsi « La sociologie est l’étude de la liberté humaine » affirmait Georges Gurvitch, l’analyse stratégique (sociologie du travail) décrit le fonctionnement de l’entreprise au travers des marges de liberté d’où sont issues des systèmes de pouvoir. La psychologie du travail considère l’autonomie et la capacité d’agir comme le fondement du bien être et du plaisir au travail. La psychologie clinique et la psychanalyse, quant à elles, traitent des influences du passé sur le vécu présent et futur de l’individu, et tente de l’en libérer.
Les français et la liberté
Si l’étude de l’histoire nous apprend que la notion de liberté fut d’abord associée à la possibilité donnée aux hommes puis aux femmes, de participer et de peser sur la vie politique, elle questionna au fil des ans des secteurs de plus en plus vastes : le médical ( au travers par exemple, de la liberté d’enfanter ou non), le travail (liberté de choisir son métier), la religion (liberté de culte), l’éducation (liberté d’étudier et de choisir ses études), la culture (liberté d’activité, liberté d’expression) ou encore le social (liberté des orientations sexuelles, liberté dans le choix de son conjoint etc…). On comprend donc rapidement qu’il n’existe pas une liberté française mais des libertés qui évoluent au fil des représentations, des attentes et des enjeux de la société.
Il est toutefois un domaine où il semble possible de traiter de la liberté sous un angle généraliste : il s’agit de celui de l’innovation. Tout processus créateur prend en effet sa source dans un moment de liberté : liberté de création dans les domaines artistiques bien sûr mais aussi liberté d’expression, d’entreprendre et encore liberté politique puisque tout mouvement social naît d’un projet réformateur, lui-même en lien avec une liberté de penser et d’agir autrement. Aussi, en France, l’idée de liberté s’entend donc dans une optique de refus de la fatalité.
Tentative de définition
Ces éléments de réflexion nous amènent progressivement à la question du déterminisme, dont le premier à être souligné par la science, fut celui du déterminisme biologique. Il s’entend comme un ensemble des lois naturelles, aux premiers rangs desquels se trouvèrent les principes théologiques et féodaux qui posaient la domination des nobles et des religieux sur le peuple.
Or, si l’on accepte l’idée d’une ‘liberté à la française’ construite avec la révolution française et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, alors nous pouvons peut-être parvenir à définir la liberté en France comme la possibilité et la capacité d’agir contre tous types de déterminisme.