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La communication non violente dans le couple
La communication non violente ou CNV est née des travaux de Marshall B Rosenberg, il la définit comme « le langage et les interactions qui renforcent notre aptitude à donner avec bienveillance et à inspirer aux autres le désir d'en faire autant » (1).
Principes majeurs
A l’origine de sa conception, la CNV était liée à la pratique religieuse, l’auteur la définissait lui-même comme « une tentative de devenir conscient de ce qu’est l’Énergie Divine Bien-Aimée et de la façon de se mettre en lien avec elle » (2). Par la suite, elle devint une méthode de communication essentiellement basée sur l’empathie.
L’empathie désigne le mécanisme par lequel un individu comprend les émotions et ressentis d’un autre, voire ses processus psychologiques (dans le cadre d’une relation thérapeutique par exemple). Elle se distingue de la contagion émotionnelle car la compréhension des affects intervient sans que les sentiments soient ressentis par l’interlocuteur. En ce sens, elle permet une compréhension objective des ressentis d’autrui dans le cadre d’une relation bienveillante.
La communication s’établit donc entre un receveur, centré sur le message d’un émetteur, dont il tente de comprendre les affects en utilisant la reformulation (pratique destinée à répéter ce qui vient d’être exprimé avec d’autres termes et de façon à obtenir l’accord de l’émetteur).
Ses bienfaits dans le couple
Le sentiment de ne pas être compris par son conjoint est l’un des griefs les plus répandus dans les couples en crise. Il naît d’une incompréhension entre les interlocuteurs, de l’existence d’attentes non exprimées ou encore de la manipulation des propos par le destinataire du message.
La CNV, lorsqu’elle est employée de façon équilibrée dans le couple, permet d’éviter l’ensemble de ces biais. Elle se base tout d’abord sur une observation (de la situation ou du comportement) plutôt que sur l’évaluation : « lorsque je t’ai demandé de l’aide, tu ne m’as pas répondu » plutôt que « tu t’en fiches que j’ai besoin d’aide ».
Elle implique la capacité à définir l’émotion ressentie en lien avec la conduite ou la situation décrite : « je me suis sentie seule et délaissée ».
Elle permet à l’émetteur d’exprimer son besoin et ainsi, d’entrevoir un moyen d’éviter le vécu douloureux : « j’ai besoin de sentir que tu me soutiens, que tu me protèges »
Enfin, les conjoints sont en mesure d’échanger sur le besoin réel, de dépasser la situation vécue et les ressentis douloureux associés, et d’envisager ensemble, les moyens de répondre aux besoins exprimés.
Les relations nocives
De nombreux conflits de couple naissent d’une communication biaisée. Sans que l’on puisse parler de violences verbales, l’accumulation de certaines réactions ou interprétations mine le quotidien et instaure un climat de tensions dans le couple. La CNV, par sa centration sur l’autre et son cadre bienveillant permet de les éviter ou de les désamorcer.
L’une des premières ‘erreurs’ consiste, par une logique d’économie cognitive, à classer son conjoint dans une ‘catégorie’ et à interpréter chacune de ses réactions selon celle-ci : « de toute façon, tu es toujours contre moi »
La seconde renvoie au dénigrement, c'est-à-dire au fait de nier la réalité pour en attribuer les causes à l’environnement ou au contexte : « le repas est très bon, tu as demandé de l’aide à ta mère j’imagine ? »
Le reproche systématique est un processus par lequel l’individu attribue sa frustration à son conjoint dans une incapacité à gérer ses propres ressentis. Face à cette injustice, le conjoint éprouvera alors de la colère ou un sentiment d’humiliation, sans que l’auteur des reproches n’ait pu régler l’origine de sa contrariété.
Le conditionnement des attentions, des gestes tendres ou de tout signe d’affection, à la réalisation d’un acte précis, compte parmi les premiers signes d’une relation perverse. Elle pose les bases du chantage affectif et provoque le sentiment, chez celui qui est visé, de ne pas être aimé pour lui mais pour ce qu’il apporte.
Dans le même ordre d’idée, la comparaison systématique entre son conjoint et un autre individu (parent, ami voire ex conjoint) place l’autre dans une position fondamentalement inférieure à celui ou celle qui est cité en exemple. Elle engendre jalousie, humiliation et perte d’estime de soi.
Enfin, l’emploi d’un vocabulaire renvoyant à des obligations ou des exigences, tend à infantiliser son conjoint et instaure une relation asymétrique, basée sur le pouvoir et la domination.
(1) Marshall B. Rosenberg, La Communication NonViolente au quotidien, Editions Jouvence
(2) Marshall Rosenberg, Spiritualité pratique, les bases spirituelles de la Communication NonViolente, page 17 Jouvence, 2007