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La communication non verbale avec son enfant
Alors que nous souhaitons que notre communication avec nos enfants soit la moins ambigüe possible, nous nous apercevons que loin de rester insensibles à nos états d'âme ceux-ci nous les renvoient, parfois même avec une surprenante violence. Quelles sont donc les voies inconscientes empruntées par nos affects et que nous peinons à conscientiser ?
Ecoute comme je te regarde
Les enfants sont, dès le stade du miroir, dans une relation étroite avec le regard de l'adulte (la mère en particulier). Il les a constitués comme sujets à part entière, devenant le premier reflet de leurs individualités. Or tout état émotionnel a de grandes répercussions sur notre regard, sur notre "action de voir". Le regard (dépressif, absent, perdu, étonné, surpris, etc.) bien qu'incontrôlable parasite notre parole. L'enfant lui ne s'y méprend pas et est même particulièrement sensible à cette dissonance qu'il essaiera toujours d'interpréter tant elle l'angoisse.
Gestuelle et communication
La programmation neuro-linguistique (PNL) nous a appris que nos attitudes et gestuelles nous trahissent étonnamment. Ainsi, il existe une dynamique particulière entre les êtres appelée synchronisation (gestuelle, posturale, verbale). Les enfants l'adoptent naturellement avec leurs parents. Elle est le fondement de la sympathie entre eux car elle crée un sentiment fort d'empathie mutuelle. Le corps est une des voies principales de communication. C'est sur ce constat que certains ont fondé – de manière probablement erronée – l'idée d'un instinct liant parents et enfants.
La parole, une expression sur plusieurs plans
Penser que nous sommes propriétaires de la totalité du sens de notre parole est faire l'impasse sur l'existence de l'inconscient. La psychanalyse a révélé l'existence de celui-ci à partir du langage et de la façon dont il hantait notre discours. Ainsi le travail de la cure analytique s'attache à révéler les contenus implicites (latents) de notre récit. Avec l'enfant, c'est la même histoire : notre parole est travestie mais se dévoile dans l'intonation que nous lui donnons, dans les inflexions ou le choix des termes que nous faisons. L'enfant ne se trompera guère sur le sens implicite de nos dires. Ce qui n'est pas dit contextualise ce qui est dit.
L'authenticité
L'enfant est en demande d'authenticité. Rien ne sert de vouloir lui dissimuler nos sentiments et affects. Il importe que nous soyons sensibles à ses capacités de décodage de notre discours et que nous les validions. Ainsi, nous devons prendre soin de mettre des mots sur nos attitudes et états d'esprits. L'enfant comprend mieux nos réactions si nous lui faisons part de notre fatigue, de notre lassitude ou de nos tristesses.
Pour autant, il importe de ne pas tout dire au risque de l'inquiéter. Pour définir une relation de qualité, Rodgers (1902-1987) mettait l'accent sur la capacité de l'adulte à parler depuis "l'endroit psychique" où il se trouve et d'en faire part de manière simple et non voilée : la congruence (concordance entre le ressenti et son expression). Elle lui permet de se développer harmonieusement, de valider ses ressentis et lui transmet une confiance en ses capacités de compréhension et d'analyse des enjeux affectifs de la communication avec l'adulte.