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L’Ici et maintenant en Gestalt Thérapie
A l’inverse de l’analyse qui se centre sur le passé pour trouver les origines des traumatismes psychiques, la Gestalt thérapie se situe dans l’ici et maintenant.
Origines
La naissance de la Gestalt thérapie est attribuée à Fritz Perls, un psychiatre venu s’installer aux Etats-Unis pour fuir les nazis. Formé en Europe et contemporain des théories freudiennes, Perls fut très largement influencé par la culture américaine de l’après-guerre, où tout semblait possible, quelque soit ses origines et son passé.
Il fonda sa pratique sur cette philosophie de vie et se focalisa donc sur ce qui est vrai dans le présent et surtout sur ce qu’il est possible de changer. ‘Gestalt’ signifie ainsi ‘mettre en forme’ en allemand, c'est-à-dire, transformer.
Perls bâtit donc sa théorie sur le principe du ‘pouvoir’ du patient, sur sa capacité à changer et à faire des choix. Le concept ‘d’ici et maintenant’ engendre également un centrage sur le moment présent et plus particulièrement sur le processus à l’œuvre.
Principes de base
L’objectif principal du thérapeute est d’amener le patient à comprendre ses processus de fonctionnement au travers des ressentis émotionnels du moment présent. Pour Perls, la base des frustrations de l’Homme vient de ce qu’il nomme la ‘gestalt inachevée’, c'est-à-dire de l’ensemble de ses besoins (respiratoires, alimentaires, sexuels etc…) qui ne peuvent être comblés dans le rapport à l’environnement.
Lorsque les besoins sont satisfaits, Perls parle de ‘gestalt achevée’, par opposition à la situation de tensions dans laquelle se trouvent des patients en difficultés, figés dans un état d’inachèvement car incapables d’entrer dans une relation constructive avec leur environnement.
Ainsi, la gestalt thérapie ne conçoit pas les souffrances comme seules résultats de l’individu mais comme un type particulier de rapport à autrui. On a donc l’habitude de dire qu’elle prend en compte l’ensemble des dimensions de l’Homme (physique, affective, relationnelle, sociale et spirituelle) et vise à l’unité.
Une thérapie du contact
La gestalt se définit en effet comme une thérapie du processus et plus particulièrement du rapport entre le sujet et son environnement, entre l’externe et l’interne qui s’appréhende par la ‘frontière-contact’.
La première relation à l’environnement est celle existante entre le patient et le thérapeute. Celui-ci adopte une attitude active, dynamique mais non directive, pour favoriser ‘l’awareness’, c'est-à-dire la prise de conscience des ressentis émotionnels et corporels dans le moment présent. Il ne s’agit pas raviver les expériences traumatisantes mais d’insister sur les ressentis du sujet vis-à-vis de cet évènement dans l’ici et maintenant. Cette nouvelle expérimentation d’un ‘passé’ dans le présent permet de créer un nouvel ajustement créateur.
La responsabilité
Notion fondamentale de la gestalt thérapie, elle renvoie à l’ensemble des contraintes inhérentes à la vie ainsi qu’à la liberté de choix du patient. Cette vision peut être rapprochée de la citation de Jean Paul Sartre: « L’important n’est pas ce qu’on a fait de l’homme, mais ce qu’il fait de ce qu’on a fait de lui ».
Les séances conduites par Perls pouvaient ainsi être très confrontantes puisqu’il plaçait le patient devant ses choix et ses responsabilités. A titre d’exemple, il pouvait demander « Qu’est ce que tu veux pour toi ici et maintenant ? » ou encore : « Aujourd’hui, ici et maintenant que peux-tu faire, toi, pour changer cette situation ? ».