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L'avortement et le sentiment de honte
220 000 avortements sont réalisés en France chaque année. Il y a donc un avortement pour 3 naissances. Ce n'est pas un acte anodin. Son impact sur les femmes et les couples qui y ont recours est important. Il les confronte à leur désir inconscients, à leurs projets mais aussi à la culpabilité et à la honte.
Les grossesses non-désirées
Toute grossesse est le fruit d'un acte particulier. Lors de cet acte, la dimension du désir d'enfant ne peut être évacuée. En effet, chez les adultes, la fertilité est une capacité fondamentale du corps sexuel. La liberté sexuelle acquise depuis l'avènement de la contraception moderne (pilule, stérilet perfectionné, implant sous-cutané,…) a rompu le lien historique entre sexualité et fécondité. Toutefois, il reste opérant sur le plan inconscient. Ainsi, les oublis de pilule et les accidents de protection laissent entendre le désir non-formulé de parentalité. C'est encore affirmé par le fait qu'aujourd'hui, tout accident temporaire peut être résolu avant d'en arriver à l'IVG : la pilule du lendemain. Si cette possibilité de "rattrapage" n'est pas saisie, il faut y voir le signe d'une ambivalence du désir d'être parents.
Le traumatisme de l'avortement
L'avortement est un évènement traumatique. Il questionne fortement l'ambivalence du désir de grossesse et atteint plusieurs fondamentaux de la femme : le corps, la sexualité, la maternité. Autour de l'avortement circulent de nombreux fantasmes qui "chirurgicalisent" une situation particulièrement naturelle (la grossesse). L'IVG est vécu comme une intervention sur le corps et notamment sur la partie sexualisée du corps ayant pour projet de s'opposer à la vie. Il rapproche les pulsions de vie (désir de grossesse) et les pulsions de mort (destructivité) : cela crée un conflit intérieur. Les femmes qui y ont eu recours connaissent ce conflit. Il se matérialise par l'angoisse qui précède l'intervention et par la culpabilité qui l'accompagne.
L'urgence qui déstabilise
L'avortement ne peut se dérouler en France que dans un délai limité. Tous les couples et surtout les femmes sont ainsi placés dans une situation d'urgence pour prendre leur décision: interrompre la grossesse. Ils sont obligés de faire fi de leurs doutes de manière rapide. Pourtant les affects n'ont pas la même temporalité que la raison. Ainsi, la décision fait violence aux sentiments des parents. Ils ne peuvent pas acquérir dans le temps imparti la certitude de faire le choix le meilleur. Or, il s'agit là d'un choix aux conséquences considérables. La discordance entre urgence et importance du choix renforce encore la dimension traumatique de l'IVG.
Culpabilité et honte
L'existence des termes avortement et IVG dessinent deux destins psychiques différents à la situation. L'avortement comprend la notion d'un acte réalisé par l'extérieur et implique une certaine passivité : "je me suis fait avorter". L'interruption volontaire de grossesse implique la notion de choix volontaire, la femme est "responsabilisée". Ainsi l'avortement est du côté de la honte tandis que l'IVG est du côté de la culpabilité.
La culpabilité prend sa source dans la mise au jour de l'ambivalence du désir de grossesse. En effet, face à ce désir d'enfant, l'avortement prend la valeur d'un "meurtre" de l'enfant à naître. C'est à ce titre que les parents se sentent coupables. Cette culpabilité connaît plusieurs avenirs. Pour les femmes, elle prend souvent la forme d'une inquiétude quant à leur future fécondité. Pourtant l'avortement ne comporte que peu de conséquences physiques sur les futures grossesses.
La honte de son côté naît de l'imaginaire qui entoure l'avortement et de la réprobation sociale qui l'entoure encore aujourd'hui. Il véhicule des fantasmes qui portent sur l'acte réalisé. De plus, l'avortement ramène un autre acte sur le devant de la scène. En effet, il donne une certaine réalité au rapport sexuel qui a initié la grossesse. Or, s'il existe quelque chose qui est porteur de honte, c'est la révélation publique de la sexualité.
La culpabilité prend sa source dans la mise au jour de l'ambivalence du désir de grossesse. En effet, face à ce désir d'enfant, l'avortement prend la valeur d'un "meurtre" de l'enfant à naître. C'est à ce titre que les parents se sentent coupables. Cette culpabilité connaît plusieurs avenirs. Pour les femmes, elle prend souvent la forme d'une inquiétude quant à leur future fécondité. Pourtant l'avortement ne comporte que peu de conséquences physiques sur les futures grossesses.
La honte de son côté naît de l'imaginaire qui entoure l'avortement et de la réprobation sociale qui l'entoure encore aujourd'hui. Il véhicule des fantasmes qui portent sur l'acte réalisé. De plus, l'avortement ramène un autre acte sur le devant de la scène. En effet, il donne une certaine réalité au rapport sexuel qui a initié la grossesse. Or, s'il existe quelque chose qui est porteur de honte, c'est la révélation publique de la sexualité.
Un droit fondamental
Il est important que les femmes et les couples qui vont avoir recours ou qui ont eu recours à l'avortement soient accompagnés dans leur démarche. Cet aide doit leur permettre de vivre au mieux cet évènement. En effet, il est indispensable que les femmes puissent exercer ce droit fondamental sans qu'elles aient à subir une culpabilité ou une honte qui impactera durablement leur rapport à la sexualité et à leur corps.