Difficulté de lecture : 4 / 5
L'analyse des rêves
Freud fut l’un des premiers psychiatres à s’intéresser aux rêves, perçus à son époque comme une activité mystique opposée à la science.
Ses caractéristiques communes
Selon Freud, les rêves sont des reliquats de l’activité humaine en état de veille, empêchant l’arrêt des mécanismes psychiques durant le repos et parfois susceptibles de troubler le sommeil. Il fit l’hypothèse que, si la vie psychique ne s’endort pas, c’est parce qu’elle subit certaines excitations.
Le second point commun à l’ensemble des rêves est son caractère imagé, affectif et exempt de langage. Tout rêve se traduit en effet par la production de représentations et provoque des ressentis chez le rêveur. En revanche, ils sont difficilement traduisibles en parole.
Le répertoire des rêves est immense : durée, thème, personnage, précision, nombre, émotion, proche de la réalité ou farfelu, facilement remémoratif ou très vite oublié… Pas un rêve n’est semblable à un autre.
En repérant que le son du réveil matin était parfois transféré dans le rêve sous la forme d’une cloche, d’une sonnette ou de tout autre objet produisant le même bruit, Freud déduisit que les rêves ne répétaient jamais l’excitation sous la même forme, ils les transforment, les remplacent ou les désignent par une allusion.
Rêve et hypnose
Au cours de ses études, Freud eut l’occasion de travailler sur l’hypnose, plus précisément sur l’état hypnotique, appelé sommeil superficiel. Or, Bernheim démontra que le sujet plongé dans ce sommeil, pensait ne pas se souvenir de ses paroles, bien que ce fut toujours le cas.
En se basant sur les similitudes entre hypnose et sommeil, Freud fit donc l’hypothèse que le rêveur disposait de la connaissance de son songe mais que celle-ci lui était momentanément indisponible.
En substituant la technique de la libre association à l’hypnose, il fut en mesure de découvrir le phénomène de résistance mis en œuvre par le psychisme pour maintenir le refoulé dans l’inconscient. Plus la résistance était intense, plus les pensées venant à l’esprit du patient s’éloignaient, s’opposaient même, du contenu réel du souvenir refoulé.
Les fonctions du rêve
Pour les définir, Freud entreprit d’analyser les rêves enfantins car ils sont exempts de toute déformation et se rapportent toujours à des évènements de la journée précédent le rêve laissant un regret, un sentiment de tristesse ou de frustration. L’objectif du rêve est dans ce cas, de combler le désir de l’enfant, c'est-à-dire de supprimer la frustration afin que le sommeil puisse se poursuivre. La première fonction du rêve semble donc résider dans une défense du sommeil contre ce qui est susceptible de le troubler.
Ainsi en transformant le désir de la veille en évènement vécu dans le sommeil, le rêve réalise un compromis entre satisfaction du désir et besoin de dormir. Le rêve résulte donc d’une satisfaction partielle et d’une suppression partielle de l’un et de l’autre.
L’élaboration du rêve
Il s’agit du mécanisme de transformation du rêve latent en rêve manifeste, le travail d’interprétation consistant alors à supprimer le travail d’élaboration. Son premier effet est celui de la condensation, il traduit le fait que le contenu du rêve manifeste est toujours plus petit que celui du rêve latent. Cette ‘traduction abrégée’ peut s’effectuer selon trois mécanismes : la suppression, la fragmentation et la fusion des éléments latents communs en un unique dans le rêve manifeste. La condensation n’appartient pas à la censure mais davantage à des raisons économiques.
S’appuyant sur l’existence, à l’intérieur même des rêves, de ‘blancs’, d’atténuations ou de faiblesses, Freud mit en avant le phénomène de censure. Celle-ci agit selon deux modalités : la première emploie les atténuations, les approximations ou les allusions ; la dernière consiste en un déplacement du centre de gravité du rêve.
A l’âge adulte, ils existent des rêves qui ne subissent aucune modification, tels les rêves enfantins. Il s’agit des songes dans lesquels le désir comblé renvoie à des besoins vitaux de l’Homme. Ainsi, lorsque le rêve contient des éléments qui ne portent pas atteintes à la morale, la censure n’intervient pas. Freud en conclut que la déformation s’accomplissait selon deux facteurs : le caractère répréhensible du désir vis-à-vis de la morale et le ‘décalage’ entre ce désir et la situation du rêveur.
Enfin, le troisième effet de l’élaboration des rêves consiste en une transformation d’idées en image visuelle.
L’ensemble de ces éléments se manifeste au travers de la forme du rêve, elle-même primordiale dans le travail d’interprétation. Un rêve latent se décompose en une suite de rêves partiels. Un rêve préliminaire joue un rôle d’introduction, une autre idée prend la forme d’un changement de scènes etc…Ainsi, plusieurs rêves se succédant au cours de la même nuit témoignent d’un effort de maîtriser une excitation d’intensité croissante.