Mode ZEN
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Je ne veux plus voir mes frères et sœurs
Loin du fantasme de liens inoxydables projetés par les parents, il est fréquent que devenus adultes les fratries se desserrent et que chacun prenne une voie divergente. Parfois, les relations se sont délitées pour laisser place à du ressentiment. Chacun de son côté s'enferme alors un peu plus dans des sentiments négatifs vis-à-vis de ses collatéraux. Que se joue-t-il dans le lien fraternel pour qu'il puisse connaître toutes ses modulations ? Comment s'y prendre pour améliorer une situation douloureuse pour tout le monde ?
Le lien fraternel, un lien rival
Tous les frères et sœurs font l'expérience qu'ils partagent entre eux leur premier objet d'amour. Ils fantasment tous de garder pour eux de manière exclusive leurs parents, pourtant communs. Le bébé hallucine qu'il forme une dyade, notamment avec sa mère. Dans cet espace fusionnel, il n'existe au départ ni extérieur ni autre. Les aînés vivent souvent durement ce moment puisqu'ils s'en savent exclus.
Ce sont donc eux, les premiers à percevoir la fratrie comme lieu d'expression de la rivalité. Toutefois, les puînés voient aussi leur mère se détourner pour s'adonner à d'autres relations. Quand la maman s'occupe des plus grands, le bébé ressent un abandon. Elle trahit l'idéal fusionnel du bébé. Dès lors, la jalousie imprime la fratrie. Heureusement, la plupart du temps, celle-ci est rapidement sublimée. S'installe alors une forme d'harmonie qui contrecarre l'envie.
Ce sont donc eux, les premiers à percevoir la fratrie comme lieu d'expression de la rivalité. Toutefois, les puînés voient aussi leur mère se détourner pour s'adonner à d'autres relations. Quand la maman s'occupe des plus grands, le bébé ressent un abandon. Elle trahit l'idéal fusionnel du bébé. Dès lors, la jalousie imprime la fratrie. Heureusement, la plupart du temps, celle-ci est rapidement sublimée. S'installe alors une forme d'harmonie qui contrecarre l'envie.
La fratrie, un terrain primitif d'expériences
Dans l'enfance, les modalités relationnelles se testent entre proches : les frères, sœurs, cousins, cousines. L'enfant essaie tous les types de liens possibles : complicité, tyrannie, autorité,… C'est dans ce creuset que s'initient et se découvrent les sentiments ultérieurs. L'enfance et l'adolescence confrontent au fait de devoir vivre, partager et coopérer avec d'autres qui n'ont pas été choisis. C'est la première socialisation.
Comme dans les autres groupes humains, des désaccords et des conflits vont apparaître. Ils se renforcent de la rivalité amoureuse primitive, devenue inconsciente. Dès lors, les fratries sont nombreuses à attendre que la promiscuité s'ouvre et que de nouvelles histoires s'installent afin d'en finir avec les tensions.
Comme dans les autres groupes humains, des désaccords et des conflits vont apparaître. Ils se renforcent de la rivalité amoureuse primitive, devenue inconsciente. Dès lors, les fratries sont nombreuses à attendre que la promiscuité s'ouvre et que de nouvelles histoires s'installent afin d'en finir avec les tensions.
Les raisons du conflit adulte
Quand les enfants quittent le foyer parental, ils prennent aussi leurs distances avec leurs collatéraux. Se rejoue alors souvent la question initiale : comment sont-ils les uns et les autres, les destinataires de l'amour des parents ? Les affects se modifient et se redistribuent : l'enfant qui part loin faire des études, le petit dernier qui reste seul au foyer, … Ceux qui partent fantasment leur possible destitution dans la structure familiale. In fine, ils se demandent si leur part d'amour filial est assurée.
Par ailleurs, l'existence se charge de rapporter des sujets de discorde. Par exemple, la survenue d'un héritage. La répartition de la succession y met au jour la manière dont chacun se pense ou s'espère aimé. Aux premiers temps de la fratrie, cette question était déjà là. Or, selon Mélanie Klein, ce sont des passions violentes qui animent les enfants : amour inconditionnel, envie, haine, …. Réactivées, cette violence fait retour dans les liens des adultes.
Par ailleurs, l'existence se charge de rapporter des sujets de discorde. Par exemple, la survenue d'un héritage. La répartition de la succession y met au jour la manière dont chacun se pense ou s'espère aimé. Aux premiers temps de la fratrie, cette question était déjà là. Or, selon Mélanie Klein, ce sont des passions violentes qui animent les enfants : amour inconditionnel, envie, haine, …. Réactivées, cette violence fait retour dans les liens des adultes.
La certitude d'être aimé : la fin du conflit
Pour pouvoir maintenir des relations cordiales avec sa famille, tout sujet doit acquérir la certitude qu'il a été aimé d'un amour parental inconditionnel. C'est cette inscription psychique qui protège tout au long de la vie, l'enfant d'une angoisse de perte d'amour et qui l'autorise à ne pas entrer en rivalité permanente pour attirer à lui les affects.
Toutefois, quand ce processus connaît des aléas, tout reste négociable. Le retrait d'amour imaginé est beaucoup moins dramatique pour l'adulte qui a trouvé d'autres objets d'affection. C'est souvent d'ailleurs lors de l'arrivée de conjoints que les relations entre les frères et sœurs s'améliorent et se dépassionnent. L'amour se fait guérisseur et apaise les rivalités : chacun(e) détient un objet en propre, le conflit n'a donc plus lieu d'être. Et la dureté des existences restaure aussi la fratrie comme lieu de sécurité. Quel que soit le ressentiment, il est alors plus clair que nous n'avons qu'une seule famille et qu'il est finalement plus simple et plus protecteur de s'en satisfaire que de s'en détacher.
Toutefois, quand ce processus connaît des aléas, tout reste négociable. Le retrait d'amour imaginé est beaucoup moins dramatique pour l'adulte qui a trouvé d'autres objets d'affection. C'est souvent d'ailleurs lors de l'arrivée de conjoints que les relations entre les frères et sœurs s'améliorent et se dépassionnent. L'amour se fait guérisseur et apaise les rivalités : chacun(e) détient un objet en propre, le conflit n'a donc plus lieu d'être. Et la dureté des existences restaure aussi la fratrie comme lieu de sécurité. Quel que soit le ressentiment, il est alors plus clair que nous n'avons qu'une seule famille et qu'il est finalement plus simple et plus protecteur de s'en satisfaire que de s'en détacher.