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« Je ne rêve pas ! »
Nombre de patients arrivent en consultation avec cette affirmation et cette inquiétude. Si une telle demande montre avant tout que le sujet a conscience de l’importance de la vie onirique, elle reflète également l’une des peurs fondamentales de l’Homme : perdre le contrôle interne, perdre son équilibre. Ne pas rêver serait ainsi signe que quelque chose ne va pas…
Les conditions du rêve
Les théories biologiques postulent que le rêve intervient durant la phase de sommeil paradoxal dont la périodicité est de 90 minutes. Les théories psychanalystes considèrent quant à elles, que le rêve s’élabore juste après le sommeil paradoxal, durant la phase de réveil. Cependant, tous s’accordent pour dire que l’environnement doit créer des conditions minimales telles que la détente, le relâchement, la sécurité et la possibilité de rester immobile un minimum de temps.
Or donc, les conditions de vie de chacun peuvent tout à fait ne pas correspondre à ces critères. En revanche, certaines périodes y sont propices telles les vacances, les week-end et même les maladies ; elles voient donc l’activité onirique se développer considérablement. En dehors de ces considérations premières, il est effectivement des sujets qui rêvent peu ou très rarement, tandis que d’autres ont une vie onirique intense.
Il est aussi des patients qui ne se souviennent pas de leur rêve, ce qui n’implique absolument pas qu’ils ne rêvent pas … En réalité, très peu de personnes ne rêvent pas, comme en témoignent les recherches conduites en psychosomatique. Quoiqu’il en soit, de tels éléments constituent des marqueurs essentiels du fonctionnement psychique et des caractéristiques des structures mentales.
Les fonctions du rêve
Sur le plan biologique, le sommeil paradoxal intervient dans l’homéostasie corticale en participant à la maturation des structures nerveuses : il provoque une série de stimulations internes, lesquelles, grâce à la plasticité synaptique, participe à l’intégration des comportements innés, des expériences vécues et les relie au programme génétique, permettant ainsi l’apprentissage.
Sur le plan psychosomatique, le rêve se distingue avant tout par sa nature de production mentale. Il est le résultat du travail du psychisme en tant que compromis entre le vécu du corps instinctuel et celui du corps qui fonctionne dans la réalité. Il permet aux expériences vécues, non pas seulement l’acquisition des apprentissages mais aussi la construction du Moi. Dans cette conception, on comprend alors qu’un sujet qui ne rêve pas, ne sera pas en mesure de construire cette instance, pourtant garante de l’équilibre global de la personnalité.
« Le rêve est un organisateur psychosomatique »
Le rêve, par ses moyens et méthodes, intègre les événements de la vie au matériel inconscient déjà existant et dont les origines se situent dans l’histoire infantile. Au travers de son travail (décrit par Freud : condensation, déplacement, figuration), le rêve permet la satisfaction d’un vœu inconscient, préalablement refoulé par le Moi à l’état d’éveil durant la journée.
Ces éléments ‘mis en attente’ constituent les pensées latentes, c’est-à-dire des pensées restées en suspens dans le préconscient, et qui seront ‘traitées’ dans le rêve, lors de ce retour du refoulé. Ces pensées, gênantes pour le Moi, passent ainsi du préconscient à l’inconscient, puisqu’en dehors du cadre analytique, les rêves ne sont plus jamais exploités. Pour autant, il est essentiel de remarquer que ce mécanisme a bien pour objectif la conservation de ce matériel…