Mode ZEN
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Je déteste mon petit frère / ma petite sÅ“ur
Les jalousies infantiles sont courantes et violentes. Lors de la naissance des puinés, tout parent s'attend à rencontrer chez ses "grands" une panoplie de symptômes : pipi au lit, crise de tyrannie, caprices. Bruyante pour les uns, pernicieuse chez les autres, le plus souvent, la crise traversée n'en demeure pas moins passagère et sans conséquences quant à l'avenir.
Spolié et trahi par maman?
A l'arrivée d'un petit frère ou d'une petite sœur, tout enfant se sent dépossédé d'un trésor inestimable : l'amour parental. Jusqu'alors, il s'était imaginé seul dépositaire de leur affection et des manifestations de leur attachement. Chaque petit, au comble de sa toute-puissance infantile se croit le centre du monde, notamment maternel. Lorsque la mère se trouve "vampirisée" par un nouveau venu, ils se sentent trahis. La maman parfaite d'autrefois apparaît désormais comme une infidèle. L'arrivée d'un(e) autre sort l'enfant de l'illusion fusionnelle d'avec la mère dans laquelle il aime à se placer. La sortie de ce fantasme est toujours violente car elle enseigne de manière radicale à l'enfant qu'il est une personne détachée. Elle le sépare de la satisfaction immédiate (modelée sur la tétée) qu'il espérait à tout jamais acquise.
Remplacement et jalousies
Passée la déception de s'être vu privé de ses objets (castration), c'est sur le plan identitaire que l'enfant connait la réplique du "séisme affectif" qui vient de survenir. En effet, sa première défense sera de tenter (vainement) une identification au bébé. Inconsciemment, il espère ainsi obtenir le même traitement (idéal) que celui prodigué au bébé. Cette identification est très perceptible dans la brusque régression rencontrée juste après la naissance. Elle peut prendre la forme d'une envie d'utiliser à nouveau le biberon ou de pipis au lit récurrents qui expriment le désir de se voir remettre un lange. Le fond de l'affaire est de devenir celui ou celle qui le remplace, pour accéder à ses privilèges réel ou supposés. Si l'autre remplace, il s'agit de devenir l'autre. L'enfant s'identifie à ce qu'il fantasme du statut de bébé.
L'agressivité et la violence
Une fois absorbé le choc de la survenue d'un autre, la problématique identitaire individuelle va devenir inter-individuelle et concerner la relation au sein de la fratrie. Elle prend la forme d'un souhait de "suppression" du cadet, tout au moins de ce qu'il représente. En fonction de l'âge des enfants, ce désir est multiforme. Il varie de morsures, griffures ou pincements à des mises en danger parfois plus importantes. Loin d'être le symptôme d'une violence immodérée de l'enfant, elle révèle ses mouvements psychiques. Ainsi, dans la petite enfance la violence vise la disparition de l'autre. Il est normal que fusent quelques gestes très agressifs et brutaux, parfois même s'exprime un souhait de mort du bébé. C'est à rattacher au fait que pour l'enfant, la mort est le mécanisme qui rejette au loin la douleur et la fait disparaître. Chez l'enfant plus avancé en âge, cette agressivité prendra plus la forme d'une négation de son cadet et du rappel incessant de ses incapacités : il ne sait rien faire, il/elle est nul(le)…
L'accompagner
Face à ces difficultés, il est important de prendre le temps d'écouter ce que l'enfant a à dire et qu'il ne formule que rarement. Si le rôle des parents est de verbaliser ce qui est implicite, il convient de ne pas brusquer les interprétations sous peine de le braquer et de le renvoyer violemment contre lui-même. Rappeler à l'enfant et lui démontrer que l'amour qui lui est porté est évolutif dans sa forme mais invariable dans son intensité est intéressant .De plus, les parents ne devraient jamais dramatiser les réactions de l'aîné. Bien qu'impressionnantes, elles sont à relatiliser sinon à sa tristesse risque de s'ajouter la culpabilité d'avoir ressenti de "mauvais" sentiments pour le bébé (haine, jalousie, …).
Or c'est quand il aura pu expérimenter ses mouvements affectifs ambivalents qu'il sera en mesure d'intégrer le bénéfice d'avoir un petit frère ou une petite sœur. En effet, après la tempête des débuts s'installent le plus souvent une franche camaraderie et de bons moments passés ensemble. Une fois qu'il se sentira rassuré quant à sa place et à l'amour qui lui est porté, le "grand" pourra investir le "petit" qui ne représente pas vraiment un danger puisqu'il est pour le moment très loin d'avoir ses compétences.
Or c'est quand il aura pu expérimenter ses mouvements affectifs ambivalents qu'il sera en mesure d'intégrer le bénéfice d'avoir un petit frère ou une petite sœur. En effet, après la tempête des débuts s'installent le plus souvent une franche camaraderie et de bons moments passés ensemble. Une fois qu'il se sentira rassuré quant à sa place et à l'amour qui lui est porté, le "grand" pourra investir le "petit" qui ne représente pas vraiment un danger puisqu'il est pour le moment très loin d'avoir ses compétences.